Têtes Raides est vendredi 21 février au 106 à Rouen. Voilà plus de 25 ans que la formation de Christian Olivier aiguise les oreilles avec une poésie réaliste et surréaliste. Après s’être emparé des rimes de différents poètes dans Corps de mots, elle présente Les Terriens, une espèce nombreuse qui croque la vie et veut tout réinventer. Dans cet album, illustré par Les Chats pelés, on retrouve le regard lucide, amusé, les mots justes et la voix puissante de Christian Olivier. Le tout porté par une musique plus mélodieuse et plus électrique. Interview avec Christian Olivier.
Quel terrien êtes-vous ?
Je suis un terrien qui se sent bien dans les profondeurs, dans les airs. J’ai des pousses qui partent de la terre et je peux regarder dans le ciel. J’aime le contact humain. Je suis quelqu’un qui travaille avec des matériaux, avec de la matière, que ce soit le texte, le graphisme, les tissus. Tout cela me parle.
Comment cela vous parle-t-il ?
Quand j’écris un mot, quelque chose doit transpirer. Un mot, c’est un poids, une densité, une couleur. Ça vous colle à la peau selon l’utilisation que vous en faîtes. Le sens vient ensuite.
Est-ce que vous êtes attachés aux racines ?
Qu’on le veuille ou non, on vit avec nos racines. On voyage avec toute notre histoire. Partout où l’homme est passé, a habité, en premier sur le continent africain, il est resté en nous quelque chose de cela. Les racines, c’est aussi toute la culture que nous avons engrangé depuis notre naissance, les rencontres que nous pouvons effectuer au fil des années… Ce qui me révolte toujours autant, c’est le manque de mémoire, la perte de mémoire. Il y a encore aujourd’hui des faits pas très beaux qui ont été vécus auparavant. L’histoire doit servir à quelque chose : ne pas refaire les mêmes erreurs.
La chanson doit-elle raviver les mémoires ?
Nous sommes aussi là pour ça, pour rouvrir les oreilles, les yeux, les goûts. Même à notre petit niveau et avec nos petits outils. Nous devons redonner à voir et à entendre. Je reste optimiste, je continue à croire en les gens. Nous pouvons encore changer pas mal de choses. Nous faisons de la musique pour faire bouger.
Pourtant, vous chantez : « on n’aura jamais mieux ».
C’est pour dire qu’il faut rester sur ses gardes, se méfier et profiter de tout ce que l’on a. Comme le rêve, l’imagination…
Et la possibilité de résister, un sujet récurrent dans vos albums.
C’est un sujet malheureusement récurrent. Quand il y a une crise économique, une guerre, les vieux démons refont leur apparition. Il y a un combat à mener au quotidien. Un terreau nauséeux est toujours présent, en souterrain. Nous détournons toujours cela avec humour.
- Vendredi 21 février à 20 heures au 106 à Rouen. Tarifs : de 26 à 10 €. Réservation au 02 32 10 88 60 ou sur www.le106.com
- Première partie : Claire Jau