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Dans les méandres de la pensée d’Althusser

L’Avenir dure longtemps, c’est un texte de Michel Bernard évoquant la partie sombre de la vie du philosophe Louis Althusser. Pourquoi a-t-il tué sa femme Hélène ? Angelo Bison porte cette parole sur scène. À Rouen, ce sera vendredi 22 et samedi 23 novembre à L’Étincelle dans le cadre du festival Art et Déchirure.

Un fait divers

Louis Althusser (1918-1990) a été un philosophe marxiste. Dans les années 1960 et 1970, il est un intellectuel reconnu dans les domaines de la psychanalyse et du structuralisme. Louis Althusser est atteint de maladie mentale et doit séjourner régulièrement dans des établissements psychiatriques. Le 16 novembre 1980, le philosophe étrangle son épouse, Hélène. Il raconte : « voici la scène du meurtre telle que je l’ai vécue. Soudain je suis debout, en robe de chambre, au pied de mon lit dans mon appartement de l’Ecole normale. Un jour gris de novembre — c’était le dimanche 16, vers 9 heures du matin — vient à gauche de la très haute fenêtre, encadrée depuis très longtemps de très vieux rideaux rouge Empire lacérés par le temps et brûlés par le soleil, éclairer le pied de mon lit. Devant moi : Hélène, couchée sur le dos, elle aussi en robe de chambre. Son bassin repose sur le bord du lit, ses jambes abandonnées sur la moquette du sol. Agenouillé tout près d’elle, penché sur son corps, je suis en train de lui masser le cou… »

Le besoin d’être jugé

Louis Althusser est alors considéré comme non responsable de son acte par les instances judiciaires. Pas pour lui. Et il l’écrira. « Quand j’ai appris la sortie de son livre, je l’ai acheté tout de suite, se souvient Michel Bernard. À la fin de la lecture, je me suis dit qu’il fallait que j’en fasse quelque chose. Althusser écrit pour faire passer un message : je suis coupable et j’ai besoin de le dire. Je vais raconter les tenants et les aboutissants de cette histoire et c’est vous qui allez me juger. Althusser n’est pas un grand criminel. Le petit garçon qu’il était vient d’Algérie. Il a une mère surpuissante et un père étrange. Il découvre le sexualité à 30 ans. On a une empathie pour cet homme qui a une forme de mélancolie de son enfance. Entre Hélène et lui, il y a eu à la fois de l’attraction et de la répulsion. Il ne peut pas se passer d’elle. Il y a un amour fou et de la folie de l’amour. Ce texte est un déploiement de la folie ».

En tension

Michel Bernard s’empare de la biographie de Louis Althusser et redessine le parcours de cet homme. Le metteur en scène le confie au comédien, Angelo Bison. « Quand il entre sur scène, il est porteur d’une émotion, d’une tragédie. Il doit aller chercher l’émotion et la tension ». L’Avenir dure longtemps est une langue puissante, « rigoureuse, répétitive, très travaillée. Il y a la volonté de mettre de la raison dans tout cela ». C’est au flow de paroles d’un homme qui ne veut pas se réfugier dans le silence mais exprime le besoin d’avoir un regard sur son acte terrible.

Infos pratiques

  • Vendredi 22 et samedi 23 novembre à 20 heures à la chapelle Saint-Louis à Rouen.
  • Tarifs : de 16 à 3 €.
  • Réservation au 02 35 98 45 05 ou sur www.letincelle-rouen.fr