L’enfance contée d’Hélios Azoulay

Après trois essais, Scandales ! Scandales ! Scandales ! Histoires de chefs-d’œuvre que l’on siffle, Tout est musique et L’Enfer a aussi son orchestre, Hélios Azoulay, musicien rouennais, publie son premier roman, Moi aussi j’ai vécu, un livre plein de tendresse et dé poésie.

Hélios Azoulay a tenu à le préciser sur la quatrième de couverture. « Ce n’est pas une autobiographie ». Pourtant, ce premier roman est écrit à la première personne du singulier et le personnage principal non seulement porte le même prénom que lui et aussi a vécu la même histoire. L’auteur rouennais préfère alors parler de « vie réenchantée, rapiécée, réparée, dédommagée par le rêve, l’amour, le rire ». 

Moi aussi j’ai vécu est en effet un long rêve, rempli de poésie surréaliste, ponctué cependant de cauchemars. Il y a tout d’abord le père absent, mais si présent dans le livre, réfugié en Inde et disparu à l’âge de 29 ans. Le roman débute ainsi, avec une lettre empreinte d’inquiétude, adressée à papa Dan. La mère, au contraire, plus présente, se révèle en fait très absente dans la vie de ses fils, jumeaux. Elle tente de faire au mieux entre ses amants, les déboires avec la police et une collection de cactus. Le socle solide de la famille, c’est le grand-père maternel, Pépé, qui donne tant d’amour aux garçons et laisse toujours le lait déborder de la casserole, comme un rituel matinal.

Une même liberté

Hélios Azoulay, un artiste attachant, est essayiste, compositeur, clarinettiste, fondateur de l’Ensemble de musique incidentale, fan de Marcel Duchamp avec beaucoup d’affinités avec le mouvement dada. Moi aussi j’ai vécu se trouve sur un équilibre bancal entre roman et autobiographie. Peu importe. À la lecture, on entend sa voix, ses envolées lyriques, ses rires, ses silences, ses respirations. On retrouve la même liberté de penser dans cette écriture originale. Hélios Azoulay emmène avec délice dans cette grande aventure qu’est l’enfance. La sienne est un conte extraordinaire peuplé de fantômes drôles et malveillants. Avec lui, on rit et on pleure. Il le confie : « j’ai été un enfant heureux dans une enfance malheureuse ». 

Toujours aussi facétieux, le musicien qui réalise un travail remarquable sur la recherche de compositions écrites dans les camps de concentration se moque des habitudes d’écriture pour commencer par la fin. Une première partie qui annonce le pourquoi de ce livre, les apparitions du père. Il poursuit avec le début, le milieu et se termine avec l’aube pour dire qu’il va bien grâce à l’amour.

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