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Nicolas Mayer-Rossignol : « il faut arrêter de tergiverser »

photo : G. Cabot

Ils sont cinq à avoir lancé un appel. Le Syndeac, le Syndicat national des scènes publiques, les Forces musicales, le Profedim, la Société des auteurs compositeurs dramatiques, la Fédération nationale des collectivités pour la culture, ont rédigé une Déclaration pour la réouverture de tous les établissements culturels recevant du public. Ils demandent à nouveau un calendrier et « le renforcement d’un dialogue et d’une concertation véritables entre les collectivités territoriales, les professionnels et le gouvernement ». Nicolas Mayer-Rossignol, maire de la Ville de Rouen et président de la Métropole Rouen Normandie, a été un des premiers élus à signer cette déclaration. Entretien.

Le monde de la culture reste confiné encore aujourd’hui. Est-ce compréhensible ?

Sans la culture, la France serait une erreur. C’est une réalité. Non, je ne comprends pas. La priorité sanitaire, je la comprends complètement. Aujourd’hui, j’ai eu beau chercher, je n’ai pas trouvé d’éléments scientifiques prouvant la dangerosité des lieux culturels. Pourquoi le fait d’aller dans un cinéma serait plus dangereux que de se rendre dans une église ou être dans un hall de gare à une heure de pointe ? C’est source d’interrogations depuis des mois. Et encore plus quand on connaît les conséquences. La situation est gravissime sur le plan économique. On connaît l’impact de la culture sur la santé mentale. La qualité de la vie s’est fortement dégradée pour les étudiants et les personnes âgées. Pour tous, la culture peut beaucoup.

Le dialogue peine à se mettre en place avec les acteurs du monde culturel et aussi avec les élus. Comment l’expliquez-vous ?

Je ne l’explique pas. Je ne comprends pas parce qu’il n’y a pas de raison. Dans les bars et les restaurants, c’est différent. On enlève son masque et ce sont des lieux de propagation du virus. Il y a une raison scientifique. Dans les théâtres, les cinémas, on peut mettre en place des protocoles avec une jauge limitée, le port du masque obligatoire. On fait asseoir le public. On lui demande de ne pas bouger et on le fait ressortir dans les mêmes conditions qu’il est entré.

Depuis plusieurs semaines, le monde de la culture demande un calendrier. Qu’en pensez-vous ?

Nous ne savons pas comment la situation va évoluer. À la violence des mesures s’ajoute la violence des incertitudes. Mais on peut fixer un cap. On peut dire qu’il n’y a pas de programmation jusqu’à telle date et se fixer un objectif d’ouverture globale. Chacun peut alors se préparer dès maintenant pour être prêt à cette date. Et si la situation sanitaire venait à se dégrader, on prend de nouvelles mesures. Mais il faut arrêter de tergiverser.

Quelle décision avez-vous prise sur la tenue des Terrasses du jeudi ?

Nous allons essayer de les organiser. Tout dépend des mesures prises. Je ne vais pas faire comme à Perpignan. C’est pitoyable. Je respecte les règles de la République et les mesures sanitaires. Nous sommes dans l’optique de rouvrir les Terrasses du jeudi. Nous y travaillons. Comme à une fête du fleuve qui sera un moment plus festif.

  • photo : G. Cabot