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Des rêves et des paris au Tangram

photo : Joran Juvin

Pour cette nouvelle saison 2021-2022 du Tangram, Valérie Baran, directrice, a tenu les mêmes caps avec Julien Bourguignon, directeur délégué à la programmation de la scène nationale : une pluridisciplinarité, une parité, une attention particulière aux artistes internationaux et régionaux, un accompagnement des compagnies à travers des résidences. Ensemble, ils feront une présentation des 71 spectacles ce jeudi 1er juillet au théâtre Legendre à Évreux.

En quelques chiffres

« Après une crise inédite, on ne peut pas avoir de pensée rabougrie. La prudence n’est pas non plus ma façon de travailler. Il faut s’autoriser à rêver ». Valérie Baran a fait des rêves en grand qu’elle partage pendant cette nouvelle saison 2021-2022 à travers des productions aux formats généreux. Au programme : 71 spectacles avec 177 représentations, dont 119 en théâtre, 35 en danse, 8 en musique, 5 en cirque et 10 sur Les Petites scènes. Le tout dans les quatre lieux du Tangram, le théâtre Legendre, le Kubb et le Cadran à Évreux, la Scène 5 à Louviers, et à travers le département de l’Eure.

Cette nouvelle saison, avec deux artistes en résidence, Laetitia Ajanohun et Pier Lamandié, arrive après plusieurs mois de confinement culturel. Valérie Baran a été « comme Pénélope à faire et défaire notre ouvrage. Ce fut très éprouvant ». La directrice du Tangram a ainsi « laissé la primeur aux spectacles de la saison dernière », au nombre de 27. Elle fait aussi le pari de l’international avec 15 productions. « Il faut amener le monde à Évreux ». Autres règles : le respect de la parité avec 59 femmes et 53 hommes et un large regard sur la création régionale avec 18 compagnies normandes.

Les thèmes de la saison

La saison 2021-2022 commence lors des Journées du Matrimoine où se mêlent concerts, lecture, danse et cinéma. Après Yseult, Laetitia Ajanohun reprend un drame familial dans Il y a assurément de l’indicible. Wanjiru Kamuyu dresse des Portraits in red. Jacqueline Caux revient avec ses Bad Girls des musiques arabes. Enfin, Waed Bouhassoun met en musique des poèmes traditionnels d’amour. Plusieurs figures féminines seront présentes tout au long de l’année avec Dominique Fils-Aimé, Sandra NKake, The Amazing Keystone Band. Paul Desveaux dessine le portrait de la photographe Diane Arbus. Théophile Alexandre s’empare des différents rôles à l’opéra, de la madone jusqu’à la sorcière. Pour les enfants, il y a La Petite Sirène revue par le collectif Ubique, Madame Flyna de Karima El Kharraze et Suzette Project de Laurane Pardoen.

Le Tangram promet des temps suspendus avec Le Cirque invisible de Victoria Chaplin et Jean-Baptiste Thierrée, Le Collectif du K de Simon Falguières qui emmène vers Les Étoiles, la reprise de Umwelt de Maguy Marin, le cirque ingénieux d’Inbal Ben Haim. Les classiques tels que Shakespeare, Flaubert, Stravinsky, Balzac, Molière, Saint-Saëns, Hugo inspirent toujours pour être revisités. Tout comme les faits divers et les drames sociaux avec La Cohue, Le Chat Foin, Pauline Peyrade, Serge-Aimé Coulibaly, Gérard Mordillat…

Au cinéma

Le cinéma tient une place singulière dans la programmation du Tangram. Pierre Carniaux tisse des liens avec la plupart des spectacles. Il y aura évidemment Le Cirque de Charlie Chaplin. D’Ingmar Bergman qui a influencé Simon Falguières, il sera possible de revoir Fanny et Alexandre, Les Fraises sauvages et Le Septième Sceau. À la pièce d’Étienne Gaudillère, Cannes 39-90 sur l’histoire et les scandales du festival, viennent en écho La Nuit américaine de Truffaut, Le Diable en boîte de Richard Rush et le documentaire de Bill Morrison, Dawson City.

Les AnthropoScènes

La première édition devait avoir lieu au printemps 2021… Elle est reportée en 2022. Avec ce festival, Valérie Baran veut interroger le futur dans ce monde pris dans une crise sanitaire et des bouleversements climatiques. Dans quel état sera la Terre dans quelques années ? Les artistes tels que Anne-Cécile Vandalem, Frédéric Sonntag, Marielle Pinsard, le collectif flamand Ontroerend Goed, Simon Gaucher, Johanny Bert ont quelques idées. Les scientifiques aussi. Les AnthropoScènes seront aussi l’occasion de rencontrer Bruno Latour, anthropologue, philosophe et sociologie des sciences, Jean Jouzel, climatologue, Kalina Raskin, ingénieure physico-chimiste et docteure en neurosciences, le chef de la tribu des Hulis en Papouasie Nouvelle-Guinée, Mundiya Kepanga qui lutte contre la déforestation de son territoire, le chaman Assossa, grand connaisseur des plantes et des arbres, Corine Sombrun, ethnomusicologue.

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