Théotime Langlois de Swarte : « Enfant, quand j’écoutais la musique baroque, je m’imaginais à Versailles »

photo : Jean-Baptiste Millot

Dans son parcours, Théotime Langlois de Swarte défend des répertoires peu connus et peu joués de la musique baroque. Le violoniste, révélation 2020 dans la catégorie soliste instrumental aux Victoires de la musique classique, fait partie de ces jeunes musiciens très prometteurs. Il se produit au sein du Consort, des Arts florissants, de l’ensemble Jupiter. Il retrouve en duo William Christie, au clavecin, pour un concert consacré à Jean-Baptiste Senaillé (1687-1730) et Jean-Marie Leclair (1697-1764) mercredi 4 août au musée Michel-Ciry à Varengeville-sur-Mer dans le cadre des Musicales de Normandie. Entretien.

Est-ce votre instrument qui vous a amené vers la musique baroque ou l’inverse ?

C’est davantage un environnement familial. Mes deux parents sont profs de chant. Ma sœur joue du clavecin et de la viole de gambe. La musique baroque, c’est naturel pour moi. J’ai toujours été fasciné par la musique de Lully, notamment la Marche pour la cérémonie des Turcs. Le violon m’a permis de jouer avec ma sœur. Enfant, quand j’écoutais la musique baroque, je m’imaginais à Versailles. Cela me faisait rêver.

Du rêve, vous êtes passé à l’apprentissage.

Petit à petit, j’ai découvert tout un répertoire extraordinaire. Le violon est l’instrument de cette époque avec tous ces concertos. J’ai vraiment toujours aimé la musique baroque pour sa simplicité harmonique, son efficacité. Aujourd’hui, je cherche des compositeurs méconnus. On a tendance à rejouer les mêmes œuvres. C’est intéressant de faire découvrir des nouveaux noms. Ce travail est important pour moi.

Est-ce que vous consacrez davantage de temps à la recherche aujourd’hui ?

Cela me prend du temps pour les projets de disques. La recherche n’est pas une tâche quotidienne mais je vais régulièrement à la bibliothèque municipale, à la bibliothèque nationale de France. La recherche me prend en effet plusieurs jours quand je veux lancer un nouveau projet ou une nouvelle association. En ce moment, je travaille avec un spécialiste de Vivaldi.

Pourquoi avez-vous choisi Senaillé ?

Ce compositeur m’a pris pas mal de temps. C’est William Christie qui m’a proposé ce duo et demandé de trouver un compositeur inconnu. Après la carrière qu’il a menée, je trouvais ça extra qu’il s’intéresse à un artiste méconnu et qu’il donne sa lumière à ces musiques. J’ai eu un coup de foudre pour le 6e Sonate en sol mineur de Senaillé. Il était évident pour moi : il faut jouer cette œuvre au public. J’ai été touché par son caractère mélancolique. Senaillé a écrit 50 sonates. Il transmet des émotions qui parlent encore aujourd’hui. Il est sur des affects et des sentiments que l’on a pu ou peut encore ressentir. Ses compositions ont des enchainements particulièrement beaux.

Quelle est la particularité de son écriture ?

Senaillé a des figures de style. Ce sont les mêmes mouvements, les mêmes danses, les mêmes tempi. Il est aussi imprégné de musique italienne. Nous savons qu’il a voyagé en Italie et appris à jouer du violon comme là-bas. Il a importé cette autre façon de jouer. Mais il reste profondément français. Il rassemble les deux. On peut aussi entendre de la musique anglaise. Il a une manière très directe de dire les choses.

Pourquoi mitez-vous Leclair face à Senaillé ?

À côté d’un compositeur méconnu, il faut un artiste connu. Ce qui permet de s’interroger sur la raison pour laquelle un est tombé dans l’oubli et l’autre, non. Leclair était célèbre à son époque. Certes un peu pour sa vie romanesque qui est une tragédie lyrique. Il a été un grand duelliste et est mort assassiné dans les rues de Paris. C’était surtout un grand auteur pour le violon.

Y a-t-il une filiation entre les deux ?

Ce sont deux générations de compositeurs. Leclair va amener plus loin la forme de la sonate. Il en explose un peu les codes. Ce qui est génial, c’est qu’ils ont composé pour eux. Les musiciens de cette époque écrivaient pour jouer à la cour ou pour les personnes fortunées. Il fallait que ce soit des musiques belles et efficaces pour plaire à ce public.

Infos pratiques

  • Mercredi 4 août à 20h30 au musée Michel-Ciry à Varengeville-sur-Mer
  • Tarifs : 25 €, 20 €
  • Réservation au 07 61 24 70 41 ou sur www.musicales-normandie.com
  • photo : Jean-Baptiste Millot

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