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« Salammbô », entre réalité et fiction

L’exposition Salammbô, Fureur ! Passion ! Éléphants !, c’est une lecture contemporaine du roman de Gustave Flaubert et une présentation des découvertes archéologiques entamées dès 1875 par un autre rouennais, Albert-Louis Delattre. Plusieurs pièces de l’époque punique sont exposées jusqu’au 19 septembre au musée des Beaux-Arts de Rouen.

Il existe un lien entre le roman de Gustave Flaubert (1821-1880), Salammbô, paru en 1862, et les campagnes de fouilles menées à Carthage en Tunisie à la découverte de l’époque des guerres puniques. Étrangement, le résultat des campagnes de fouilles a été souvent confronté aux écrits de l’écrivain rouennais, nouant ainsi un lien étonnant entre la fiction et le réel.

C’est un Rouennais, Alfred-Louis Delattre (1850-1932), considéré comme « le père de l’archéologie carthaginoise », qui explore les nécropoles puniques et recueille les vestiges de la cité antique. « Les deux hommes ne se sont jamais rencontrés mais Delattre s’est inspiré du roman pour diriger les premières opérations et ressusciter Carthage ». Il va aussi envoyer les pièces dans les musées, du Louvre à Paris et des Antiquités à Rouen. La culture punique se découvre à travers de multiples objets et au fil du temps. On connaît désormais un des quartiers d’habitat les plus anciens, datant du VIIIe siècle avant JC, les ports puniques et un un quartier des IIIe et IIe siècles avant JC.

Dans la seconde partie de l’exposition, Salammbô, Fureur ! Passion ! Éléphants !, visible au musée des Beaux-Arts à Rouen jusqu’au 19 septembre, sont présentées diverses pièces, issues des collections des musées du Bardo et de Carthage. Il y a plusieurs bijoux, des lampes, des encensoirs, des amulettes, un brûle-parfum à tête de divinité masculine coiffée d’une tiare plume, des figurines, et des chefs-d’œuvre comme le torse d’un guerrier, en terre cuite, qui fait penser à Matho, le personnage de Flaubert, chef des mercenaires révoltés contre l’opulence de Carthage, épris de Salammbô, ou encore le couvercle du sarcophage de la prêtresse ailée en marbre coloré.

Un ensemble de stèles rappellent deux épisodes majeures. Celles retrouvées au Tophet, un sanctuaire dédié à Tanit et Baal Hamon, deux divinités, et découvert en 1921. Flaubert décrit dans Salammbô des cérémonies de sacrifices d’enfants pour réclamer la clémence des dieux. Un fait qui reste controversé. Si des fouilles dans les années 1970 ont confirmé ces sacrifices avec la découverte de 400 urnes funéraires contenant « des restes brûlés d’enfants et de jeunes animaux », de récentes analyses en cours apporteront peut-être de nouveaux éléments.

D’autres stèles ont été sauvées des eaux après un naufrage. Evariste Pricot de Sainte-Marie qui a fouillé la ville de Carthage en 1874 et 1875 a chargé 39 caisses de 2 080 stèles puniques sur Le Magenta. En arrivant dans la rade de Toulon, le bateau prend feu et coule. Une grande partie a pu être repêchée. Ces œuvres avec des motifs gravés comportent le signe tant avec un triangle et un cercle, symbole de la lune et du soleil.

Il n’est pas indispensable de connaître par cœur le roman de Flaubert pour apprécier les différentes pièces de cette exposition. Salammbô a intrigué autant les artistes que les archéologues.

Infos pratiques

  • Jusqu’au 19 septembre, tous les jours, sauf le mardi, de 10 heures à 18 heures, au musée des Beaux-Arts à Rouen.
  • Tarifs : 9 €, 6 €, gratuit pour les moins de 26 ans et les bénéficiaires de minima sociaux
  • Renseignements au 02 35 71 28 40 ou sur www.mbarouen.fr