L’Opéra de Rouen Normandie ouvre sa saison avec « Le Trouvère »

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Le Trouvère de Verdi lance la saison lyrique de l’Opéra de Rouen Normandie. Cette œuvre qui n’a pas été jouée depuis trente ans au Théâtre des Arts marque le retour de Clarac-Delœuil > Le Lab. le duo de metteurs en scène et scénographes emmène jusqu’en 2050.

En 4 actes

Avec Le Trouvère, Verdi (1813-1901) prend toute liberté. Cette œuvre, créée le 19 janvier 1853 au Teatro Apollo à Rome, n’est pas le fruit d’une commande. Elle est inspirée d’un récit espagnol écrit par Gutiérrez. Le comte de Luna est tombé amoureux de Leonora, éprise d’un mystérieux trouvère. Celui qui a séduit la jeune fille avec ses sérénades est en fait Manrico, le frère de cet homme, enlevé il y plusieurs années par une gitane. Or tout le monde le croit mort. Le Comte de Luna veut se débarrasser de cet encombrant rival et enlever Leonora. C’est Azucena, la fille de la bohémienne, considérée comme une sorcière, qui a élevé Manrico comme son propre fils. C’est elle aussi qui connaît le lien de parenté entre les deux hommes. Azucena veut venger sa mère et va laisser le Comte de Luna envoyer son frère à l’échafaud.

Mémoire et vengeance

L’Opéra de Rouen Normandie commence sa saison 2021-2022 avec Le Trouvère de Verdi, joué du 24 septembre au 2 octobre par l’orchestre, dirigé par Pierre Bleuse. À la mise en scène, on retrouve Jean-Philippe Clarac et Olivier Delœuil qui voient dans cette œuvre lyrique une pièce sur la mémoire. « Le traumatisme de l’enfance peut traverser les générations. Azucena est une femme obsédée par une image de son enfance, celle de sa propre mère brûlée sur un bûcher ». C’est aussi une histoire de vengeance, « liée à la mémoire. C’est son traumatisme qui fait tenir Azucena. Elle a ce désir. Elle est une femme pour laquelle la vengeance a été le moteur d’une vie ». 

Dans le futur

Dans leurs mises en scène, Jean-Philippe Clarac et Olivier Delœuil conçoivent des scénographies impressionnantes et trouvent toujours des résonances avec la société contemporaine. Le Trouvère devient une dystopie qui « invite à réfléchir. Des personnes qui stockent des données dans des clouds, c’est le monde d’aujourd’hui. Tout comme des femmes qui se font immoler. Quand nous étions en train de travailler sur cette pièce, une femme est morte brûlée par son mari, près de chez nous, à Mérignac. Les féminicides se comptent encore ». Comme pour Butterfly, les deux metteurs en scène situent leur opéra à Rouen et non en Espagne, dans un data center où sont stockées les mémoires des femmes pour mieux les contrôler. Ils questionnent ainsi l’image de la sorcière. « C’est juste une femme différente, alternative qui a une connexion avec un au-delà, avec les plantes, la nature, des savoirs curatifs. Elle fait chier le pouvoir politique et religieux ». Ce Trouvère permet de faire un bond dans le temps, du Moyen Âge jusqu’en 2050. « Il raconte un passé et évoque un irréel du futur. Le présent n’est jamais en question. D’où cette idée de voyage entre passé et futur ».

Infos pratiques

  • Vendredi 24 septembre à 20 heures, dimanche 26 septembre à 16 heures, mardi 28 et jeudi 30 septembre à 20 heures, samedi 2 octobre à 18 heures au Théâtre des Arts à Rouen.
  • Durée : 3 heures
  • Tarifs : de 68 à 10 €
  • Réservation au 02 35 98 74 78 ou sur www.operaderouen.fr