À l’occasion du bicentenaire de la naissance de Gustave Flaubert, la bibliothèque Villon à Rouen présente des brouillons et les manuscrits de deux romans de l’écrivain. C’est La Fabrique de l’œuvre, une exposition visible jusqu’au 12 mars 2022.
Le 12 décembre 1821 naissait Gustave Flaubert à Rouen. Deux cents ans plus tard, le temps d’une exposition, La Fabrique de l’œuvre, la bibliothèque Villon sort de l’ombre les manuscrits de deux romans, écrits dans le cabinet à Croisset. Il y a le plus connu et le plus emblématique, Madame Bovary, publié en 1857, avec le scénario que rédigeait tout d’abord l’auteur. « C’est une méthode programmatique, Il écrivait les grandes lignes », indique Catherine Hubbard.
À côté se trouvent des brouillons et trois des six volumes de pages manuscrites avec des rayures, des réécritures, des annotations… Même l’exemplaire du copiste comporte encore des modifications. « Flaubert a les moyens de prendre son temps. Il a été dispensé de finir ses études de Droit. Dans sa famille, on tolère son penchant artistique. Il est un auteur qui cherche le mot. De ce livre, Flaubert dira que c’est une œuvre sur rien. Comme un exploit d’écriture. Il veut faire ressortir l’émotion pure et vraie. Il a aussi fait beaucoup de recherches documentaires pour toucher à la beauté du réel par la véracité de ce qu’il dit ».
1 500 livres
Flaubert mettra plus de cinq ans à écrire l’histoire d’Emma Bovary. Une histoire qui va défrayer la chronique puisque suivra un procès. L’écrivain, accusé d’immoralité et d’atteinte aux bonnes mœurs, est acquitté le 7 février 1857 grâce à la plaidoirie de son avocat, Maître Sénard. » Il fait le panégyrique de la famille Flaubert et démontre que le roman n’a pas été compris. Voilà ce que les dames ne doivent pas faire », rappelle Catherine Hubbard. Pendant ce temps, certains prennent la liberté de pirater le livre.
Le second ouvrage, c’est Bouvard et Pécuchet. Pour celui-ci, il y a 8 volumes de brouillon. Flaubert qui voulait parler de la bêtise de ses contemporains aborde divers sujets, comme l’agriculture, la philosophie, les sciences, la religion, l’histoire, la littérature… Fidèle à ses principes, il va lire 1 500 livres — quelques-uns ont été empruntés à la bibliothèque Villon. « Il a même bénéficié de prêt d’ouvrages précieux », également présentés lors de cette exposition. Une partie de ce roman inachevé, aussi avec ses ratures, est également exposé. Comme le Dictionnaire des idées reçues.
Il est émouvant de voir cette écriture, presque illisible, comme remplie de mystères, cette signature bien connue maintenant, et cette multitude de feuilles noircies lors de travaux préparatoires. C’est sa nièce, Caroline, qui offre à la bibliothèque en 1914 ce fonds précieux, montrant Flaubert au travail.
Infos pratiques
- Jusqu’au 12 mars, les lundi, mardi, jeudi et vendredi de 13 heures à 18 heures, les mercredi et samedi de 10 heures à 18 heures, à la bibliothèque patrimoniale Villon, 3, rue Jacques-Villon à Rouen.
- Entrée gratuite
- Renseignements au 02 76 08 80 88