L’opéra de Gluck, Iphigénie en Tauride, commence par une tempête. Il faudra quatre actes pour que la tragédie bascule. Cette production lyrique de Robert Carsen, créée il y a plus de vingt ans, est présentée à l’Opéra de Rouen Normandie du 25 février au 1er mars.
Il y a une malédiction chez les Attrides. Leur histoire est une tragédie. Iphigénie, fille d’Agamemnon et de Clytemnestre, qui ne serait pas sans lien avec la victoire des Grecs pendant la guerre de Troie, a été sauvée de justesse des flammes. Diane l’accompagne alors en Tauride où elle devient prêtresse de la déesse et devra procéder à des sacrifices. Dans un cauchemar, elle voit le palais de sa famille en flammes, le meurtre de son père par sa mère, tuée ensuite par son frère, Oreste. Iphigénie est certes une femme résistante « avec un sacré caractère » mais n’en demeure pas moins désespérée parce qu’elle pense être la seule rescapée de tout ce drame. Son frère, qu’elle croît mort, fait naufrage à Tauride avec un de ses amis, Pylade, sur la presqu’île. Pour Thoas, roi des Scythes, ceux-là seront les coupables idéals d’un danger qu’il pressent. Iphigénie devra faire son travail : les sacrifier. Heureusement, le frère et la sœur se reconnaîtront au dernier moment et la prêtresse refusera de donner la mort.
Dans une boîte noire
Avec cet opéra romantique, créé en 1779, Gluck (1714-1787) signe un chef-d’œuvre. Sa musique est empreinte de tensions et de drame et porte les trois personnages, Iphigénie, Oreste et Thoas, avec leurs visions effrayantes. « C’est une oeuvre puissante avec une musique fantastique », commente Christophe Gayral qui reprend la mise en scène de Robert Carsen.
Le spectacle, joué pour la première fois en 2006 à Chicago, puis régulièrement dans diverses salles, est un succès récurrent. À Rouen, l’orchestre de l’Opéra est dirigé par Christophe Rousset et Hélène Carpentier endosse le rôle d’Iphigénie. « Il faut évoquer l’histoire d’Iphigénie de manière pure et sobre. Dans cet opéra, nous avons la chance d’avoir un vrai texte d’une extrême puissance et d’une grande précision. Dans le travail à mener, c’est le sens qui doit guider. On part ainsi du texte et on suit la musique parce qu’il y a une cohérence totale entre les deux ».
La sobriété se retrouve aussi dans la scénographie, une immense boîte noire comme un espace clos où « les personnages seraient prisonniers de leur destin ». Là évoluent tous les personnages, vêtus de noir. Pourtant « ils sont hauts en couleurs et expriment des sentiments profonds. Il faut être fortement engagés dramatiquement. Cela demande aux interprètes une vraie implication physique », remarque Christophe Gayrat. L’ambiance est quelque peu oppressante jusqu’au dénouement heureux de l’histoire. Ce sont les valeurs les plus nobles qui vont triompher.
Infos pratiques
- Vendredi 25 février à 20 heures, dimanche 27 février à 16 heures et mardi 1er mars à 20 heures au Théâtre des Arts à Rouen
- Avant la représentation : présentation de l’œuvre une heure avant le spectacle
- Durée : 2h30
- Tarifs : de 68 à 10 €. Pour les étudiants : carte Culture.
- Réservation au 02 35 98 74 78 ou sur www.operaderouen.fr
- photo : Marion Kerno