Sous l’emprise d’une domination

photo : François Louchet

La question de la domination et du consentement traverse cette pièce de théâtre, La Honte, un texte écrit par François Hien et mis en scène par Jean-Christophe Blondel. La Divine Comédie joue mardi 8 mars au théâtre des Charmes à Eu et vendredi 11 mars à l’espace culturel François-Mitterrand à Canteleu.

« On sait. Tout est dit mais tout n’est pas entendu de la même façon. Alors on tombe dans cette zone grise ». Tout l’enjeu de cette pièce de théâtre consiste à amener le public à s’interroger sur un fait et à le nommer. « Avoir plusieurs angles de vue crée une ambiguïté. On entend un argument et la critique de cet argument ». Jean-Christophe Blondel s’empare d’un sujet de société, la domination du genre avec tous ses mécanismes, en portant à la scène le texte de François Hien, La Honte.

Dans cette pièce de théâtre, Géraldine (Noémie Pasteger), une doctorante, rend visite un soir à Louis (John Arnold), son professeur, afin d’échanger avec lui sur sa thèse. Il y aura un gros malentendu entre ces deux-là pendant cette soirée baignée d’alcool et de musique. Elle espère le compter comme ami. Il se fait un film. Ils auront une relation sexuelle alors qu’elle n’est pas vraiment consentante mais n’a pas dit non et qu’il n’a pas eu de geste brutal. Après avoir évoqué un comportement inapproprié, Géraldine parlera de viol. Elle le fera à l’université où se déroulera une commission disciplinaire. Deux enseignants interviennent. Clémence (Pauline Sales) prendra la défense de Géraldine et Mathieu (Yannik Landrein) voudra préserver la présomption d’innocence de Louis. L’audition se déroulera en public. La Honte devient alors un huis clos où se joue une joute verbale. « C’est acéré et vif. Nous sommes presque dans Droit de réponse ».

« Réveiller et bouleverser »

Jean-Christophe Blondel a choisi le texte de François Hien pour sa densité et son écriture. « C’est un auteur passionnant qui vient du cinéma et du monde du documentaire. Il a le sens de la fiction, du dialogue. Avec lui, il n’y a pas de caricature. Il creuse une pensée profonde et fait entendre les personnes qui se confrontent. C’est toujours très vivant avec aussi pas mal d’humour ». Le metteur en scène de La Divine Comédie reprend les codes du boulevard pour la soirée entre l’étudiante et le professeur avant de basculer dans un théâtre plus naturaliste et cinématographique pendant la plaidoirie. La musique, interprétée par Rita Pradinas, « exprime une représentation de la révolte, une envie de manifester, la sororité ».

La Honte invite le public à prendre position, malgré lui. « Le texte a une vocation pédagogique. Nous voulons réveiller et bouleverser », indique Jean-Christophe Blondel. Réveiller sur les rapports de pouvoir, la société patriarcale et bousculer des certitudes.

Infos pratiques

  • Mardi 8 mars à 20h30 au théâtre des Charmes à Eu. Tarifs : 12 €, 8 €. Réservation au 02 35 86 29 09
  • Vendredi 11 mars à 20h30 à l’espace culturel François-Mitterrand à Canteleu. Tarifs : 9,30 €, 6,20 €. Réservation au 02 35 36 95 80
  • Durée : 1h30
  • Des places sont à gagner pour la représentation du vendredi 11 mars