Fuzzy est une rock-star

photo : Reto Duriet

Bastien Bron, aka My Name is Fuzzy, porte un regard amusé sur la célébrité dans Vedette 93, un projet d’installations sonores géniales pour découvrir des chansons écrites quand il avait 8 ans… L’exposition se tient jusqu’au 11 juin au Tetris au Havre.

À 8 ans, déjà, il se prenait pour une rock star, hurlant dans le micro, haranguant la foule et annonçant les séances d’autographes. Bastien Bron n’a pas oublié son concert de folie donné pour l’anniversaire de sa sœur. Il avait alors écrit quelques chansons, bien évidemment pleines de naïveté mais surtout d’absurdité, de surprises et parfois de désinvolture. Il y raconte sa vie, devient « l’homme qui chante pas comme les autres », pleure la disparition de Snowman, est certain de l’amour de sa Bichelouse… 

Bastien Bron se souvient du garçon qu’il était sans nostalgie. « Mes parents regardaient les émissions de variétés sur les chaînes françaises. J’étais imprégné de ces codes du showbiz. Pour cet anniversaire, j’étais aux synthés. J’avais aussi une batterie en plastique et je braillais ». Avec un côté rebelle ? « Je ne sais pas si les Suisses ont un côté rebelle. Mais j’avais de l’énergie ». 

photo : Das Playground

Bastien Bron, aka My Name is Fuzzy, retrouve l’enregistrement de ce concert sur une cassette et une matière sonore pour un projet solo. Ce trésor permet au batteur des Rambling Wheels de s’interroger sur la célébrité, sur son métier de musicien avec « le schéma album-promo-tournée et une stratégie qui dépend du nombre de vues sur YouTube. J’ai adoré le faire mais j’ai envie de passer à autre chose ».

Dans Vedette 93 ( nonante-trois et non quatre-vingt-treize), présenté jusqu’au 11 juin au Tetris au Havre, Bastien Bron devient Fuzzy, son avatar. Il crée un nouvel écrin électro-pop à ses chansons et une manière ludique de les découvrir. « J’ai toujours été attiré par l’image. Pour moi, l’image ne peut être dissociée de la musique. Au début des années 2000, avec le groupe, il n’y avait pas de réseaux sociaux. Ce n’était pas facile de construire un univers autour de la musique. Or l’important, c’est le tout. C’est pour cette raison que nous composions des albums thématiques. Aujourd’hui, il faut faire cela autrement », explique le fondateur d’une agence de production de clips.

Une chanson, une installation

Autrement, c’est créer des installations — une pour chaque chanson. Et ce sera le seul moyen de toutes les écouter. Bastien Bron a imaginé une chambre d’enfant, tout en carton, avec un décor des années 1990, où on se sent bien. Tel Mario Bros, Fuzzy est un personnage de jeu vidéo qui emmène sa Bichelouse sur des routes pas toujours tranquilles. Ma Vie devient un clip à regarder à travers un de ces appareils-photos dotés d’un cercle d’images à faire défiler. Il y a aussi la tente avec un journal intime, le coffre à jouets, le lit, un coin de maison avec la piscine…

Pour rappeler qu’il est vraiment une rock-star, Fuzzy a développé la partie marketing avec un merchandising bien pensé avec des objets à son effigie. Il a sa figurine, sa casquette, son ours, son mug, son tee-shirt dédicacé, son porte-clés, les concerts en VHS. Sans oublier le poster géant où Fuzzy, dans son costume blanc, tient une pause lascive, devant son teckel, le museau au-dessus d’un micro argenté. 

Tout y est. Vedette 93 est une exposition complètement kitsch de créations musicales et visuelles. Avec humour, Bastien Bron porte un regard décalé sur les travers et les dérives du star-system.

Infos pratiques

  • Jusqu’au 11 juin, ouverture du mardi au samedi de 10 heures à 18 heures, au Tetris au Havre
  • Entrée libre et gratuite
  • Renseignements au 02 35 19 00 38 ou sur www.letetris.fr