Baptiste Coissieu : « nous avons réussi à fonder un groupe homogène »

photo : JC Carbonne

Dans sa nouvelle création, Mythologies, Angelin Preljocaj s’empare des mythes fondateurs et évoque un imaginaire qui se confronte aux réalités du monde. Cette pièce, interprétée du 14 au 16 octobre au Théâtre des Arts avec l’Opéra de Rouen Normandie, aborde les peurs et les croyances. Le chorégraphe a constitué une troupe de vingt danseuses et danseurs issus de son ballet et de celui de l’Opéra national de Bordeaux. Il a demandé à Thomas Bangalter, la moitié du duo de Daft Punk, de composer une symphonie. Entretien avec un des danseurs, Baptiste Coissieu.

Avez-vous eu besoin de relire les grands mythes pour interpréter cette nouvelle pièce d’Angelin Preljocaj ?

Nous connaissions le thème de la prochaine pièce d’Angelin. Chaque danseur s’est pris en main et a relu les principaux grands mythes. Ensuite, nous nous sommes laissés emporter par la  créativité d’Angelin. Avec lui, nous partons toujours sur une ligne qui dévie souvent. Cette fois-ci, nous sommes restés sur la même ligne.

Est-ce que ces lectures ont nourri votre gestuelle ?

Quand nous commençons un travail, Angelin crée beaucoup de mouvements et nous sommes derrière lui. Là, il nous a réunis autour d’une table. Il y avait plein de petits papiers avec les noms des personnages de ces mythes. Chaque danseur a dû en choisir un. Angelin nous a ensuite demandé de composer individuellement sur un dieu ou une déesse à partir de ses propres caractéristiques. Je suis tombé sur Hadès, le dieu des Enfers. Nous avons tous créé des petites choses.

Cette pièce, Mythologies, est-elle difficile à danser ?

Cela fait quinze ans que je travaille pour Angelin. J’ai dansé dans une vingtaine de ses pièces. J’en ai interprétées des plus difficiles. 

Vous êtes Alexandre le Grand.

Dans ses pièces, Angelin souhaite que tout le monde apprenne tout. À un moment, il choisit. Nous sommes huit garçons. Le rôle d’Alexandre a été distribué à Riku Ota et à moi. Et nous alternons. C’est un moment qui dure dix minutes et demande une grosse énergie mais c’est très agréable à défendre. Alexandre est kidnappé par les Amazones, des femmes fortes et battantes. Il y a après un duo avec la reine des Amazones. Entre eux deux, il y a beaucoup de séduction. Mais Alexandre va se faire berner.

Mythologies réunit deux troupes, le Ballet Preljocaj et le ballet de l’Opéra national de Bordeaux. Comment avez-vous travaillé ensemble ?

C’est une collaboration que l’on appréhendait. Le ballet de l’Opéra interprète beaucoup d’œuvres classiques. En décembre, il va donner Cendrillon. Tous les danseurs sont empreints de cette technique classique. Quand nous nous sommes rencontrés, nous avons formé des duos pour trouver des connexions entre nous. Pourtant, cela n’a pas été simple pour eux. C’est vraiment un autre répertoire. Nous aurions galéré à apprendre Le Lac des cygnes. Je pense que nous avons réussi à fonder un groupe homogène et que l’on ne voit pas la différence entre les uns et les autres.

Pourquoi avez-vous choisi la danse comme moyen d’expression ?

Enfant, j’étais un garçon qui ne parlait pas beaucoup. Ma mère, bibliothécaire, s’occupait aussi des inscriptions au cours de danse. Je lui ai demandé pourquoi il n’y avait pas de garçon. Elle m’a proposé d’essayer. La danse a été un exutoire. J’ai pu exprimer toute ma joie et toute ma colère. Maintenant, je parle beaucoup. C’est très cliché mais c’est, pour moi, un métier passion, aussi très spécial. À la fin de toute représentation, nous sommes applaudis pour ce que nous faisons. Ce n’est pas le cas pour les caissières des supermarchés.

Est-ce qu’un danseur peut être un héros d’une mythologie ?

C’est une question compliquée. Je ne sais pas. Nous transmettons des émotions. Mes parents m’ont souvent dit que l’on ne soupçonnait pas le pouvoir que les danseurs ont sur scène. Je n’ai pas assez de recul pour pouvoir répondre.

Infos pratiques

  • Vendredi 14 octobre à 20 heures, samedi 15 octobre à 18 heures et dimanche 16 octobre à 16 heures au Théâtre des Arts à Rouen.
  • Tarifs : de 46 à 10 €. Pour les étudiants : carte Culture.
  • Réservation au 02 35 98 74 78 ou sur www.operaderouen.fr