Hommage à Iannis Xenakis

photo : Guillaume Benoît

Iannis Xenakis aurait eu 100 ans en 2022. L’Opéra de Rouen Normandie lui consacre un concert jeudi 10 novembre à la chapelle Corneille et le conservatoire lui rend un hommage du 19 au 26 novembre.

Sharon Kanach aime la musique de Iannis Xenakis. « Je veux que cette passion soit contagieuse. Pour cela, il faut l’écouter parce que sa musique est universelle. C’est pour cette raison qu’elle a un impact immédiat ». Sharon Kanach a bien connu l’artiste, « un homme solitaire, timide, d’une humilité bouleversante ». La coprésidente du centre Iannis Xenakis, situé à l’Université de Rouen, le considère comme l’un des plus importants compositeurs de la deuxième moitié du XXe siècle qui s’est déjoué des codes et des formes.

L’explication : « Xenakis n’a pas eu de formation — et on pourrait dire de déformation — dans les conservatoires ». Le compositeur a suivi des études d’ingénieur et s’est intéressé à l’architecture. « Il a ainsi eu une approche de la musique dans sa globalité et dans le détail. Il l’a regardée de manière scientifique et mystique. Il a pu toucher le cœur de la musique et lui rendre toute son abstraction réelle. Avec lui, la musique est réelle dans le temps et existe aussi hors du temps ».

Avec Brahms

Sharon Kanach n’en oublie pas toute l’énergie contenue dans les pièces de l’artiste, né en Roumanie. « Il a été un rescapé de la guerre. La moitié de son visage a été arrachée par un obus. Il y avait chez lui la culpabilité du survivant parce qu’il a perdu beaucoup de ses camarades. La musique était une béquille pour lui. Elle était là pour exprimer un élan. Malgré tout, il arrivait à cohabiter avec cette violence ».

L’Opéra de Rouen Normandie rend un hommage à Iannis Xenakis jeudi 10 novembre à la chapelle Corneille. Naaman Sluchin, violon, Jacques Perez, violoncelle, et Julien Le Pape, piano, interprètent trois œuvres du compositeur, présentées au début du concert par Sharon Kanach. Il y a les Six Chansons, « presque naïves », une autre pièce de jeunesse, Dhipi zyia. Avec Mikka/S, « ça swingue. On voit là l’évolution de son écriture. Il a quitté le monde modal et amène le son vers l’abstraction, une force énergétique ». Ces trois œuvres sont mises en miroir au Trio n°1 opus 8 de Brahms.

Autre hommage  : il se tient au conservatoire de Rouen du 19 au 26 novembre. C’est l’occasion de découvrir l’UPIC, une machine à composer, l’UPISketch, une application pour écrire la musique, et Mists, une pièce pour piano de 1980 interprétée par Christine Marchais lors d’une Méridienne.

Infos pratiques