La vie au rythme de l’usine

photo : Arnaud Bertereau

Le récit est puissant et le comédien, époustouflant. Mathieu Létuvé du Caliband Théâtre a adapté l’unique roman de Joseph Ponthus, À La Ligne, qu’il porte avec justesse dans plusieurs villes normandes.

À la chaine, c’est la journée. À la ligne, plutôt le soir. Joseph Ponthus, ancien éducateur social, est heureux auprès de sa femme à Lorient. Mais là, cet homme de culture qui voulait devenir écrivain se retrouve au chômage. Les journées sont bien longues dans le canapé. Un jour, il n’a plus le choix. Il doit s’inscrire dans une agence de travail intérimaire. À partir de ce moment-là, il va multiplier les boulots à la chaine dans les usines. Le soir, il ressent cette nécessité d’écrire dans son journal. Joseph Ponthus en fera un récit à succès, À La ligne.

Mathieu Létuvé adapte avec brio cet unique roman. Il est cet ouvrier qui affronte chaque jour les douleurs physiques, les mauvaises odeurs de crevettes et de bulots dans les conserveries, le sang des vaches dégoulinant dans l’abattoir, le froid, le bruit, la fatigue qui s’accumule, les décalages horaires. Dans un espace mouvant, en noir et blanc, dessiné par les lumières, le comédien joue comme il faut tenir le rythme infernal devant la chaîne. Une cadence, martelée par la musique d’Olivier Antoncic, qui use le corps. Parfois, « on n’a même plus le temps de chanter ». Il y a la précision des mots de Ponthus qui glacent et celle des gestes de Mathieu Létuvé qui se répètent parfois dans un rituel dansé.

Dans À La Ligne (feuillets d’usine), joué cette saison dans plusieurs salles normandes, le comédien donne à voir avec réalisme l’envers du décor de la société de consommation de masse, une réalité sociale, le quotidien violent de ces ouvriers dans les usines qui sont aussi confrontés aux injonctions des supérieurs et aux blagues, pas drôles, des autres travailleurs. « On se dit qu’on s’habitude ». Dans « cette servitude volontaire », il y a toujours cette « foi dans la paie ». Pour Ponthus, il y a surtout Victor Hugo, Marcel Proust, Shakespeare, Brel, Ferré, Trénet… 

Infos pratiques

  • Vendredi 25 novembre à 20h30 au théâtre Montdory à Barentin. Tarifs : de 10 à 5 €. Réservation au 02 32 94 90 23. Des places sont à gagner
  • Mardi 29 novembre à 20 heures au théâtre du Château à Eu. Tarifs : 12 €, 8 €. Réservation au 02 35 86 29 09
  • Mardi 3 janvier à 20h30 à Juliobona à Lillebonne. Tarifs : 19 €, 16 €. Réservation au 02 35 38 51 88 ou sur www.juliobona.fr
  • Samedi 28 janvier à 20h30 au Moulin à Louviers. Tarifs : 18 €, 10 €. Réservation au 02 32 40 31 92 ou sur www.ville-louviers.fr
  • Mardi 7 mars à 16 heures à l’espace du Bocage à La Haye-Pesnel
  • Mercredi 8 mars à 20h30 au théâtre de l’Hôtel de ville au Havre. Tarifs : 15 €, 10 €. Réservation au 02 35 19 45 74 ou sur https://thv.lehavre.fr
  • Samedi 11 mars à 20h30 à la salle des fêtes de Grainville.  Lyons-sur-Andelle
  • Durée : 1h15