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La compagnie Mossoux-Bonté traverse les désastres de l’histoire

Photo : Mikha Wajnrych

La peinture nourrit beaucoup le travail de la compagnie Mossoux-Bonté. Dans ce spectacle, très esthétique, The Great He-Goat, interprété vendredi 20 janvier au CDN de Normandie-Rouen, le duo crée des tableaux vivants inspirés de l’univers de Goya, précisément de ses Pinteras negras.

La compagnie Mossoux-Bonté crée des mondes fascinants et mystérieux, aux esthétiques fortes, où évoluent des créatures, souvent étranges, éprouvées par des émotions et des troubles. The Great He-Goat est proche d’une cérémonie surréaliste racontée en plusieurs tableaux. Là, des êtres dansent avec leurs doubles, amputés de certains de leurs membres. Le duo, formé par la chorégraphe Nicole Mossoux et du dramaturge et metteur en scène Patrick Bonté, donne une vision noire de la société et dénonce la violence dans cette nouvelle création, présentée vendredi 20 janvier au CDN de Normandie-Rouen pendant le festival C’est déjà de la danse, initié par Le Rive Gauche à Saint-Étienne-du-Rouvray.

Une création qui a pour point de départ les tableaux de Francisco de Goya (1746-1828). La compagnie Mossoux-Bonté s’inspire de la peinture. « C’est peut-être culturel. La peinture est une fenêtre sur le monde qui correspond à notre sensibilité. C’est l’image d’un monde poétique tout en étant accroché au réel », explique Nicole Mossoux. 

« Dénoncer l’absurdité »

Et Goya ? La chorégraphe a eu un coup de foudre pour ses tableaux lors d’une visite au musée du Prado à Madrid. « Je suis restée scotchée devant cette trentaine de peintures sur les sorcières, les démons… Celles-ci avaient toutes été rassemblées. Goya a une perception très intime et très sensuelle des choses. Il peint les Pinteras negras lors d’un grand désordre en Espagne. Il était aussi devenu sourd et s’était retranché dans une maison, quelque peu hantée. Cela explique ce revirement dans son travail. Il peint les désastres de la guerre pour en dénoncer l’absurdité. Il a une attitude non pas de voyeur mais de compassion. On se laisse alors traverser par les tableaux parce qu’ils nous parlent encore aujourd’hui ».

Dans The Great He-Goat (ou Le Sabbat des sorcières), titre d’une des toiles de Goya, dix gardiens se retrouvent enfermés dans leur musée. Durant la nuit, les personnages des tableaux qu’ils côtoient au quotidien vont s’emparer de leur âme, les transformer en monstres et les envoyer dans un autre monde. Ils les placent face à leurs contradictions et leurs obsessions. Devant cette scène, il y a une témoin, « une petite paysanne qui représente pour nous la pensée, la philosophie », remarque la chorégraphe.

Pour écrire cette chorégraphie, Nicole Mossoux s’est nourrie des danses espagnoles de l’époque de Goya, interprétées sur des matières sonores semblables à une palette de peintures où correspondent couleurs et ambiances musicales. 

Infos pratiques

  • Vendredi 20 janvier à 20 heures à l’espace Marc-Sangnier à Mont-Saint-Aignan
  • Durée : 1h10
  • Spectacle à partir de 15 ans
  • Tarifs : 20 €, 15 €
  • Réservation au 02 35 70 22 82 ou sur www.cdn-normandierouen.fr
  • Aller au spectacle en transport en commun avec le réseau Astuce