Norma est née

photo : Alfa Imani / Unsplash

Norma : c’est le nom de la toute nouvelle association régionale dédiée aux musiques actuelles en Normandie. Fondée en octobre 2022, elle a plusieurs missions qui doivent permettre un développement du secteur. Explication avec Sandrine Mandeville, directrice du CEM au Havre, et de Matthieu Cattoni, coordinateur du festival Les Pluies de juillet.

Après le cinéma et le livre, il restait les musiques actuelles. C’est désormais chose faite. Le secteur a depuis octobre 2022 une association régionale en Normandie, née de la fusion du FAR, en Basse-Normandie, et de RMAN, en Haute-Normandie, et après nombreuses concertations. Elle s’appelle Norma, comme Normandie Musiques actuelles, un nom qui n’est pas sans rappeler un des opéras de Bellini et cette prêtresse amoureuse qui va jusqu’à se sacrifier.

Quatre missions incombent à Norma. Il y a tout d’abord une observation sectorielle afin de repérer les manques et d’appréhender les évolutions. L’objectif est également de favoriser une coopération et des collaborations au niveau régional. Le tout doit ainsi contribuer au développement professionnel des acteurs des musiques actuelles et à une meilleure visibilité de tout le secteur en région et au-delà.

Une co-présidence

Norma présente quelques singularités. La première : l’association est présidée par un duo, Sandrine Mandeville, directrice du CEM au Havre et Matthieu Cattoni, coordinateur du festival Les Pluies de juillet. « Il y avait déjà une co-présidence à RMAN. Ce fut une expérimentation forte et très positive pendant quatre ans. Cela permet une représentation sur tout le territoire, une parité. Quand l’un doute ou n’est pas disponible, l’autre prend le relais. C’est une charge très lourde et nous avons aussi beaucoup de travail dans nos structures. De plus, le collectif a toujours été dans l’ADN des musiques actuelles », explique Sandrine Mandeville. Matthieu Cattoni abonde dans ce sens : « Qui pense encore aujourd’hui qu’une seule personne peut décider de tout ? Nous sommes complémentaires parce que nous avons des expériences et des métiers différents ».

Une autre particularité : le mode de gouvernance avec les institutions régionales (la Région Normandie et la Direction régionale des Affaires culturelles) et des acteurs du réseau des musiques actuelles. « Il n’y a pas d’organisation similaire en région. Cela doit favoriser les échanges et permettre un fonctionnement démocratique partagé », remarque Sandrine Mandeville. Quant à l’équipe de Norma, elle compte dix personnes, celles qui étaient à la manœuvre dans les deux associations précédentes. Il manque encore la personne au poste de direction. Elle est en cours de recrutement. L’appel a été repoussé au 6 février prochain afin de multiplier le nombre de candidatures. Norma devrait avoir son directeur ou sa directrice au printemps prochain.

Des attentes

Il y a des attentes fortes dans ce secteur qui souffre de plusieurs maux. « Tout dépend des acteurs, selon Sandrine Mandeville. Le climat est anxiogène. Les lieux sont confrontés à des problèmes de financement en raison de l’augmentation des coûts énergétiques. Il faut ajouter à cela des ressources publiques qui vont être limitées. Nous subissons encore les conséquences de la crise sanitaire. Les pratiques se sont individualisées depuis les confinements. On ressent encore des angoisses. Le public commence à revenir. Mais c’est un secteur qui est toujours prêt à innover ». 

Matthieu Cattoni souligne notamment toutes les initiatives prises par les structures et les festivals. « Nous sommes obligés de trouver des alternatives parce que tout est électrifié. Il y a beaucoup de réflexion et de belles initiatives. Des études sont également menées sur l’énergie et la mobilité ». Autres pistes de travail à venir : une réduction des déséquilibres entre les territoires puisque l’activité se concentre dans et autour des grandes villes. Sans oublier la place des femmes, dans les musiques actuelles, qui restent minoritaires.