Fanny Mendelssohn, une compositrice si méconnue

photo : Romain Cavallin

Le Quatuor Alfama raconte les relations entre Felix et Fanny Mendelssohn, musicien et musicienne, frère et sœur, qui se portaient un amour très tendre. Une histoire à écouter jeudi 9 mars à la chapelle Corneille avec l’Opéra de Rouen Normandie.

Fanny Mendelssohn est seule dans le jardin familial. Elle s’adresse à sa fille. Elle lui raconte son histoire. Celle d’une femme instruite, cultivée, sensible et douée. Comme son frère, Felix, elle a reçu une excellente éducation en littérature, en sciences, en langues et en musique. Comme son frère, elle a très vite montré de grandes facilités d’interprétation au piano et d’étonnantes capacités à composer. Mais elle n’a pas pu, comme son frère, publier ses pièces et mener une carrière de musicienne. Son père s’y est vite opposé. Après lui, Felix a fait de même. Pourtant, Madame Mendelssohn a demandé à son fils d’encourager sa sœur. Elle n’a pas été entendue. L’époque a ses principes : une femme doit tenir son foyer.

C’est le début de l’histoire de Fanny et Felix, présentée jeudi 9 mars à la chapelle Corneille à Rouen. Le spectacle du Quatuor Alfama rend hommage à cette grande pianiste et compositrice méconnue de son vivant, Fanny Mendelssohn (1805-1847) que joue Ariane Rousseau. « Elle n’a jamais eu de fille. C’est comme si elle passait un relais à cette fille en train de devenir une femme. Fanny est un personnage attachant, intelligent, moderne et consciente du milieu dans lequel elle vit. Elle en a voulu à ce père et ce frère mais elle ne s’est jamais confrontée à eux pour ne pas les contrarier ».

400 œuvres

Un homme l’a soutenue. C’est son mari, le peintre Wilhelm Hensel. « Elle a fait un mariage d’amour. Elle s’est dit : sur ce coup-là, on ne m’aura pas », remarque la comédienne. Fanny Mendelssohn écrit, compose une œuvre d’environ 400 pièces, organise des concerts du dimanche avec des artistes prestigieux comme Liszt, Schumann et Paganini. 

Le différend entre le frère et la sœur n’a pas terni l’amour tendre qu’ils se vouaient. « Il y avait un rapport de gémellité. Ils étaient vraiment très proches, comme des jumeaux. Comme Felix a beaucoup voyagé et travaillé à l’étranger, ils s’écrivaient beaucoup. Il existe une grande correspondance ». . D’ailleurs, Felix Mendelssohn (1809-1847) est mort quelques mois après sa sœur. 

Fanny et Felix dresse le portrait d’une artiste, baignée de musiques, qui a ressenti ce besoin de composer. Le récit d’Ariane Rousseau est illustré de partitions des deux compositeurs, transcrites pour le quatuor à cordes.

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