49 spectacles, dont 11 co-productions, composent la saison 2023-2024 du Tangram à Évreux et Louviers. Valérie Baran, directrice, et Julien Bourguignon, directeur délégué à la programmation, veulent tirer des lignes thématiques fortes.
Une programmation est un jeu d’équilibre, difficile à maintenir après les différentes crises. « Pendant les deux années de la crise sanitaire, la plupart des créations n’ont pas circulé. Or, nous avons accueilli de nombreuses résidences. Il y a une génération de spectacles qui a été sacrifiée parce qu’elle n’a pas pu circuler. Aujourd’hui, tout est prêt pour une circulation mais les moyens manquent. Même si nous avons été beaucoup aidés, rappelle Valérie Baran. Se succède une crise énergétique qui a pour conséquence une hausse du coût des fluides et rogne sur nos budgets et notre capacité à accompagner ».
Pour cette saison 2023-2024, la directrice du Tangram a « favorisé la diffusion de spectacles des compagnies qui ont créé » et consolidé les liens avec des artistes. « Nous sommes de grands fidèles ». De cette programmation se dégagent des thématiques. « La question de la parité nous importe. Elle est totale cette saison. Celle de la diversité également. Nous avons un axe sur la citoyenneté. Il est important d’aborder le vivre ensemble après les actes racistes, homophobes et transphobes. Le théâtre doit être comme un lieu de réconciliation », ajoute Julien Bourguignon, directeur délégué à la programmation.
Le spectacle de Héla Fattoumi et Éric Lamoureux porte notamment ces valeurs. Tout-Moun, écrit à partir de la pensée d’Édouard Glissant, poète et essayiste martiniquais, et confié à une distribution cosmopolite, raconte « la puissance de la dissemblance » et la nécessité de « la mise en relation des imaginations ». D’où le choix du visuel.
Pluridisciplinarité
La saison du Tangram commence le 15 septembre avec les Journées du matrimoine et le Mouvement HF. Après deux années en résidence à Évreux, Lætitia Ajanohun a écrit C’est La Normandie, oui, mais pas la Normandie-Parigot-résidence secondaire et parcours à truite. Un regard qu’elle partagera avec Aurélien Arnoux. Agathe Charnet reprend Ceci Est Mon Corps. Le Live à Gisacum réunit Lucie Antunès, Nana Benz du Togo, Mickle Muckle et Claire Days. En toute fin de saison, le week-end des fiertés propose la Pink Machine de la compagnie 1 % Artistique sur les icônes de la pop culture. Nicolas Petisoff revient avec Comment avouer son amour quand on ne sait pas le mot pour le dire ?
Le Tangram accueille également la compagnie Akté qui poursuit un travail avec Mona Ona. Au Loin Les Oiseaux s’empare du parcours de Jacqueline Sauvage. La Cohue présente Une Pièce sous influence où se confrontent amour et violence. Olivier de Sagazan fait son retour avec une performance en solo, Il nous est arrivé quelque chose. Fouad Boussouf continue la tournée de Näss – Les Gens. Le collectif Bajour plonge dans l’univers de Bob Marley. L’Oubliée de Raphaëlle Boitel présente Ombres portées, fruits des non-dits au sein d’une famille. La Diversité est-elle une variable d’ajustement… ?, c’est la question que pose la Compagnie du double.
Des classiques
Pas de saison sans œuvres classiques. Le Malandain Ballet donne sa version de L’Oiseau de feu et du Sacre du printemps de Stravinsky. Stravinsky encore avec Benjamin Lazar, son Théâtre de l’incrédule et l’Orchestre régional de Normandie qui racontent L’Histoire du soldat. Lucie Berelowitsch retrouve les Dakh Daughters dans Les Géants de la montagne de Pirandello. Marc-Olivier Dupin revisite en musique Le Livre de la jungle de Kipling. Katia et Marielle Labèque jouent Orphée et La Belle et la bête de Philip Glass d’après Cocteau. Pauline Bayle porte au théâtre L’Iliade et L’Odyssée d’Homère.
Pas de saison non plus sans une attention au jeune public. Jean-Baptiste André prend Les Jambes à son cou et s’amuse avec toutes les expressions de la langue française. La Belle Meunière évoque la surconsommation dans Terairofeu. Les Petites Géométries est un spectacle dessiné de la compagnie Juscomama. La Compagnie s’appelle revient est À Poils pour fustiger les préjugés. La Compagnie de Louise, elle, se transforme en Cartoon. Christian Hecq et Valérie Lesort partent à 20 000 Lieues sous les mers de Jules Verne.
Les AnthropoScènes restent un temps fort de la saison du Tangram. Cette saison, le festival fait entendre La parole de l’eau. Circus Baobab rappelle l’urgence à la préserver dans Yé ! (L’eau). Simon Gauchet revient aux récits sur l’Atlantide dans La Grande Marée. Baptiste Morizot et Pauline Ringeade vont Pister Les Créatures fabuleuses. De la magie avec Étienne Saglio dans Le Bruit des loups. La Bande à Léon explore La Mer de Poséidon en caddie. Marine Chesnais raconte son expérience auprès des baleines à bosses dans Habiter Le Seuil. La Traversée raconte l’humanité dans Enfants sauvages. Enfin le Quatuor Habanera reprend la légende de Noé et de son arche dans cet opéra, Noé Terra nova.
Infos pratiques
- Programmation complète sur www.letangram.com