Le Rive Gauche a 30 ans. Pour cette saison marquante, Raphaëlle Girard a réuni des artistes qui écrivent l’histoire de la salle de Saint-Étienne-du-Rouvray depuis son ouverture. Entourée de l’équipe, la directrice qui part au Théâtre auditorium de Poitiers, présente les différents spectacles mercredi 6 septembre.
Regarder le passé pour encore mieux envisager l’avenir… Ce pourrait être un résumé de la saison 2023-2024 du Rive Gauche. Celle-ci va être particulière puisqu’elle marque les 30 ans de la salle de Saint-Étienne-du-Rouvray, un projet culturel souhaité par la ville. Aujourd’hui, elle est devenue une scène conventionnée d’intérêt national danse, un lieu incontournable tant par l’audace de sa programmation que son soutien aux artistes.
Alors cette programmation des 30 ans, « cela fait deux ans que j’y pense, confie Raphaëlle Girard. Elle est le fruit de beaucoup de dialogues ». La directrice du Rive Gauche a réuni des artistes qui « connaissent la maison ». Comme Arthur H, Philippe Torreton, Brice Berthoud, Dominique Boivin (en photo), Florence Caillon, Ben Herbert Larue, Pascal Rambert, Jacques Weber, Isabelle Huppert… « Tous sont des créateurs toujours au taquet. C’est un retour sur le passé avec des spectacles d’aujourd’hui qui continuent à construire, à nourrir le regard du spectateur ».
Entouré de Richard Kolinka et d’Aristide Rosier, Philippe Torreton parle d’écologie à travers des textes de Baudelaire, Ronsard, Rimbaud, Sand… Avec sa compagnie L’Éolienne, Florence Caillon revisite Le Lac des cygnes. Dominique Boivin emmène dans un Road Movie pour raconter quarante années de danse et aborder la question du vieillissement du corps. Pascal Rambert, fabuleux auteur et metteur en scène, a écrit pour Jacques Weber Ranger où un homme fait le bilan d’une vie.
Une soirée anniversaire
Autres noms qui figurent dans cette programmation 2023-2024 : Tiago Rodrigues, directeur du festival d’Avignon, auteur et metteur en scène. Dans La Mesure de l’impossible questionne l’engagement. Jean-Claude Gallotta poursuit sa tournée avec Pénélope. Philippe Découflé a créé avec Stéréo un ballet rock. Circus Baobab rappelle la rareté de l’eau dans Yé. Le mensonge, comme élément essentiel de survie d’une famille, traverse Tom na fazenda de la Compagnie Quadrovivo.
Depuis trente ans, Le Rive Gauche a toujours accordé une place à la création régionale. Cette saison, il accueille la 6e Dimension, Malgven Gerbes et David Brandstätter, la compagnie 14:20. Sans oublier La Cohue avec Une pièce sous influence où un couple tente de survivre après la disparition d’un enfant. Fouad Boussouf, directeur du Phare au Havre, danseur et chorégraphe, s’est inspiré des écrits du poète Omar Khayyam pour écrire Oüm.
Il fallait enfin une soirée très spéciale pour cet anniversaire. Elle a été confiée au Collectif Ès. La compagnie associée au Rive Gauche a inventé des règles de jeu pour les artistes invités. Julie Laventure, Antoine Roux-Briffaud et Joan Vercoutere, Bouba Landrille Tchouda, Marion Muzac et Nathalie Pernette devront écrire en trois jours un trio, SHOT#1 et SHOT#2. Quant à Sidonie Duret, Jérémy Martinez et Émilie Szikora du Collectif Ès, ils devront créer chacun un solo autobiographique. Ce sera 1re Mondiale avant un dj-set.
Raphaëlle Girard : « je suis amoureuse de cette salle »

Après cinq saisons, Raphaëlle Girard quitte Le Rive Gauche à Saint-Étienne-du-Rouvray pour aller diriger le Théâtre auditorium de Poitiers, une salle qui la faisait « rêver ». Elle va succéder à Jérôme Lecardeur, ancien directeur de la scène nationale de Dieppe. Femme engagée, rayonnante et passionnée qui croit profondément en les valeurs universelles de la culture, elle a apporté un autre souffle au Rive Gauche, fait découvrir plusieurs artistes et entendre des textes forts. Elle a également créé C’est déjà de la danse, un festival où la chorégraphie intègre le vocabulaire du théâtre, du cirque, des arts plastiques… Entretien.
Quel regard portez-vous désormais sur Le Rive Gauche ?
J’ai une grande admiration pour ce lieu, cette ville et cette équipe. Même si j’ai lancé un projet de travaux parce qu’il y a un besoin de réfection, la partie scène-salle est extraordinaire. Je suis amoureuse de cette salle. J’ai aussi travaillé avec une équipe tellement engagée — tous ont un amour du spectacle — et avec des tutelles qui tiennent à ce lieu. Dans cette ville, pour le maire, comme pour l’adjoint, la culture n’est pas une variable d’ajustement. Quant au public, il a un amour et un grand respect pour les artistes.
Dans vos programmations, il y a une constante : la volonté de partager des textes forts.
C’est le fil rouge de ma vie. Je retrouve mes engagements personnels dans les propos d’artistes qui les éclairent. Je souhaite passer à des publics des interrogations. L’art peut être très divertissant et il doit questionner. Rien est gratuit dans une parole d’artiste. Elle nous aide et renforce mes convictions de l’expérience collective. Après les confinements, le public est revenu dans les salles. Comme une nécessité pour voir ensemble une pièce de théâtre, un ballet… Et cela n’est pas remplaçable.
Votre expérience professionnelle est multiple. Qu’avez-vous appris au Rive Gauche ?
J’ai appris mon métier de directrice et de programmatrice. Dans une salle avec un tel potentiel, il est impératif d’être à la hauteur. Il faut que le théâtre rayonne. Il y a d’autre part tout le travail d’action culturelle qui est mené. Et c’est un travail incessant.
Vous êtes arrivée sans connaître la région. Que retenez-vous de la Normandie ?
C’est une région extrêmement riche. En arrivant, je ne le pensais pas. Il y a partout des personnes engagées. C’est facile de nouer des collaborations, d’aller voir ses camarades et de travailler ensemble. Nous avons bien dialogué. Tout le monde est aussi impliqué dans la transition écologique afin de construire des tournées cohérentes.
Infos pratiques
- Mercredi 6 septembre à 19 heures au Rive Gauche à Saint-Étienne-du-Rouvray
- Durée : 2 heures
- Entrée libre et gratuite
- Aller à la présentation de saison en transport en commun avec le réseau Astuce