C’est un des projets les plus ambitieux de la candidature au titre de capitale européenne de la culture en 2028. Année qui sera marquée par l’ouverture du musée Beauvoisine, né de la fusion du musée des Antiquités et du muséum d’histoire naturelle de Rouen pour raconter l’histoire du territoire. La Seine sera là aussi le fil rouge.
800 000 : c’est le nombre d’œuvres rassemblées dans les collections du musée des Antiquités et du muséum d’histoire naturelle à Rouen, deux lieux bientôt bicentenaires qui montrent quelques faiblesses. C’est autant d’objets à recenser et à déplacer, une étape préalable à un chantier de grande envergure. Celui du futur Beauvoisine, un élément de la RMM (Réunion des musées métropolitains) en réflexion depuis 2018.
Il a été « levé un petit coin du voile de ce musée Beauvoisine, la synthèse improbable entre des souhaits et des contraintes », indique Laurence Renou, vice-présidente de la Métropole Rouen Normandie en charge de la Culture. Les souhaits, tout d’abord : il y a la volonté de « renouveler le récit, raconter le territoire pour mieux le comprendre et s’y projeter », annonce Mathilde Schneider, directrice des deux musées et pilote du projet. Ce sera un récit à lire avec des « collections qui sont ultra locales et proviennent de contrées éloignées, qui s’étendent sur une longue échelle temporelle, allant de la préhistoire à la période contemporaine ».
Pour y parvenir, il a fallu « rêver le musée » selon Mathilde Schneider. L’approche du lieu a été renouvelée pour devenir pluridisciplinaire. Beauvoisine doit évoquer autant le monde du vivant, les différentes cultures au fil des siècles et les relations entretenues entre Rouen et l’ailleurs grâce à la Seine. Autres attentes : le futur pôle muséal Beauvoisine devra être « plus hospitalier », sobre en énergie, multi sensoriel et accessible hors les murs grâce aux outils numériques. Ce sera « comme un lieu de vie » qui ouvrira en 2028.
L’ancien et le neuf
C’est la proposition des architectes Richard Duplat et Christophe Bidaud qui a été retenue en juillet 2023 par la Métropole Rouen Normandie. « C’est un espace réinventé pour un musée ancré dans son territoire », selon Christophe Bidaud. À l’extérieur, les conditions d’accès ont été repensées. Tout comme les jardins avec des essences régionales et les potagers. Le musée aura aussi son kiosque-café avec une vue sur le square et les bâtiments. Celui-ci « viendra donner une âme au parc. Il opérera comme un aimant », explique l’architecte.
À l’intérieur, le cloître avec ses arches ouvertes sera le cœur de Beauvoisine, un lieu d’accueil couvert d’une verrière. Tout en haut sera construit un belvédère offrant une vue sur la ville de Rouen. Il sera le point de départ des visites des expositions permanentes dans un musée aménagé de structures en bois. « Nous avons eu cette politesse, ce clin d’œil aux colombages qui apportent du rythme aux parties contemporaines » commente Christophe Bidaud.
La phase de travaux qui durera trois ans, de 2025 à 2028, comprend autant les constructions et aménagements, la démolition d’une partie neuve que la restauration des bâtiments anciens. « Il y a pas mal de vicissitudes, remarque Richard Duplat. La patine du temps a marqué les épidermes. Il faut remettre en état les façades, les menuiseries, les toitures afin de redonner à ces bâtiments leur identité ».
Le projet d’un coût total de 70 millions d’euros offrira un musée de 2 700 m2 où seront exposées 4 500 œuvres. Il faut ajouter 800 m2 pour les espaces aménagées pour les activités culturelles. Sans oublier un jardin de 3 500 m2.