Kid Francescoli : « les dessins animés nous forgent pour le reste de notre vie »

photo : Nicolas Despis

Le soleil, la mer, l’amour… Il y a tout cela dans le nouvel album de Kid Francescoli. Sunset Blue, sorti le 22 septembre 2023, est une suite de belles cartes postales écrites autour de la Méditerranée. Le voyage s’effectue au rythme d’une pop, d’une disco et d’une soul électro romantique et douce, dansante et joyeuse. Kid Francescoli sera en concert vendredi 10 novembre au 106 à Rouen. Entretien.

Pourquoi êtes-vous attaché à cette couleur bleue ?

Le bleu fait référence à deux choses. Il y a d’un côté la mer Méditerranée qui m’accompagne depuis toujours, d’un autre côté la mélancolie, le blues. Cette dualité correspond à ce que je souhaitais proposer avec ce nouvel album. Par ailleurs, en faisant des recherches, j’ai découvert qu’il existait un Sunset Red pour le ciel automnal. Je l’ai décliné en bleu pour inventer ma propre couleur.

Vous parlez de la Méditerranée et de plusieurs villes comme Marseille, Barcelone… Comment les villes que vous avez traversées vous influencent ?

Lors des tournées, je voyage beaucoup. Pour moi, toutes les villes sont inspirantes. Pendant longtemps, je les ai regardées de l’extérieur. Désormais, quand je voyage, je veux rencontrer de nouvelles personnes, goûter à la gastronomie, connaître les cultures. Mes tournées m’ont certes emmené loin mais je reviens toujours à ce bleu de la mer et du soleil de la Méditerranée. C’est très déstabilisant de se retrouver loin de chez soi, loin de ses habitudes. Cela déclenche forcément des émotions et amène des déséquilibres. Mais j’aime vraiment être surpris et décontenancé.

Quelles sont ces émotions ?

Elles se mélangent. J’ai vécu en Corse. Mon père est Algérien. J’ai passé mes premières vacances avec mes copains à Barcelone et avec ma première copine en Italie. J’ai la mer sous mes yeux. Celle-ci a remué des souvenirs qui remontent à la petite enfance. J’ai voulu aller au plus profond.

Vous avez parcouru autant une histoire qu’une géographie.

C’est ça et je l’ai fait de manière très sincère. Cette histoire était là, sous mes yeux. Pour la raconter, je n’ai pas eu besoin de storytelling. Dans ce parcours, toutes les étapes m’ont permis d’en arriver à l’endroit où je suis aujourd’hui. J’ai réalisé mon rêve d’enfant. C’est comme si je disais à cet enfant : ne t’inquiète pas, ça va bien se passer, tu vas y arriver même s’il y aura des moments compliqués.

C’est ce que vous dites dans 1986.

Oui, elle incarne tout ce que je viens de dire. 1986 est la date de mon arrivée à Marseille après avoir vécu en Corse. C’est aussi le début des souvenirs conscients. Quand on est tout petit, ils ne sont pas très clairs. En 1986, je me souviens de la coupe du monde de football, des dessins animés qui m’ont fortement influencé. Je pense que les dessins animés nous forgent pour le reste de notre vie. Il y a quelque chose dans les thèmes qui continuent à me toucher.

Vous y ajoutez des rythmes orientaux.

J’ai voulu assumer mes racines algériennes. Très récemment, je suis allé pour la première fois en Algérie. C’était très émouvant. Pour ce disque, j’ai fait appel à Hakim Hamadouche parce qu’il est un spécialiste de ces rythmes-là.

Dans cet album, vous bousculez cet équilibre entre joie et mélancolie. Sunset Blue est plus dansant.

La mélancolie est là, oui mais elle est plus douce dans les suites d’accords et dans les mélodies. Ces deux côtés, mélancolique et dansant, me vont très bien.

Comment avez-vous travaillé cet album pour la tournée ?

J’ai voulu garder l’intensité et l’enthousiasme de l’album. J’ai un peu adapté les différents titres. Mon objectif a été surtout de préserver le côté euphorique.

Infos pratiques

  • Vendredi 10 novembre à 20 heures au 106 à Rouen
  • Première partie : Moorea
  • Tarifs : de 26,50 à 17,5 €. Pour les étudiants : carte Culture
  • Réservation au 02 32 10 88 60 ou sur www.le106.com
  • Aller au concert en transport en commun avec le réseau Astuce