Leur complicité se lit autant dans leurs échanges que dans leur musique. Alexandre Bamba, bassiste, Louis Le Page, pianiste, et Adrien Verger, batteur et percussionniste, sont trois musiciens passionnés, avec néanmoins des influences différentes. C’est ce qui fait aussi toute la richesse et la subtilité de leurs compositions. Leur jazz fusion est en effet teinté d’électro, de funk, de soul et d’afrobeat. Tout un subtil mélange qui se retrouve dans un premier album, Multiverse, sorti au printemps 2024. Akinroots, groupe rouennais fondé il y a cinq ans, sera en concert samedi 4 mai au Kalif puis mardi 14 mai au 106 à Rouen. Entretien avec les trois musiciens.
Que retenez-vous de ces cinq années passées ensemble ?
Adrien Verger : nous avons vécu beaucoup d’événements qui ont bousculé nos modes de vie. Ce furent cinq années vraiment passées ensemble pendant lesquelles nous avons appris à nous connaître. Nous sommes devenus très, très proches. Les liens que nous avons créés ont un écho dans notre musique.
Louis Le Page : nous faisons tout ensemble. Nous faisons de la musique ensemble. Nous étions dans le même centre des musiques Didier-Lockwood. Adrien et Alexandre ont terminé l’année dernière et moi je quitte l’école dans quelques jours. Nous sommes allés dans cette école pour notre carrière personnelle mais nous avons aussi appliqué tout ce que nous avons appris à notre projet commun.
Alexandre Bamba : il s’est passé tellement de choses pendant ces cinq années, surtout de très bonnes choses. Ce projet musical nous permis de grandir en tant que musicien et personne. C’est fabuleux de pouvoir grandir dans un projet où l’on peut s’épanouir. Et, tout cela se fait avec bienveillance. Ce sont des années d’apprentissage, en fait.
Qu’avez-vous appris ?
Alexandre Bamba : j’ai travaillé mon son. J’ai appris en tant que musicien à savoir quand ce son devait prendre le pas sur celui des autres et quand il devait être plus discret. Chacun doit servir la musique. Cela apprend l’humilité.
Adrien Verger : mon jeu de batterie a complètement changé depuis que je joue avec eux et que je suis allé à l’école. J’ai appris la subtilité dans le jeu. À la batterie, on peut en mettre partout. Là, j’ai appris le silence. Et le silence, c’est aussi de la musique qui crée une émotion.
Louis Le Page : Quand nous avons commencé à jouer ensemble, notre musique était très jazz. Il y avait beaucoup d’improvisation. Nous avions un thème et nous recherchions à partir de celui-ci. C’est la forme que l’on retrouve dans le jazz. Or nous en avons une vision différente. Nous sommes plus proches des musiques actuelles. Nous avons trouvé notre son, notre patte ailleurs.
Après ces cinq années, il était temps pour vous de sortir un premier album.
Louis Le Page : cet album, c’est quatre ans et demi de composition. Nous avions envie de clore cette première étape de travail avec un disque à notre nom. Cet album est le mélange de nos influences et de nos souvenirs en tant que musiciens et personnes. Nous avons mis toute notre vie à trois dans Multiverse.
Alexandre Bamba : nous avons un peu attendu pour sortir cet album. Il aurait pu en effet sortir plus tôt. Pour nous, ce n’était vraiment pas le moment. Je pense que c’était une question de maturité. Nous n’aurions pas été fiers de ce travail. Cela fait un an que les titres sont enregistrés. Ils sont sortis comme une libération et viennent clore en effet le premier chapitre de notre histoire. Ce qui nous permet de présenter notre univers et de passer à autre chose.
Adrien Verger : dès 2020, nos proches nous demandaient quand nous allions sortir un album. Pour nous, c’était impossible. Nous voulions prendre notre temps. Nous refusons d’être dans un fast-food de la musique. Nous prenons le temps de construire une histoire, une vision artistique.
Pourquoi avez-vous choisi ce titre, Multiverse ?
Adrien Verger : c’est une composition originale de Louis. À la base, nous voulions que cet album ait un lien avec l’univers où chaque morceau est une nouvelle planète. Cela correspond encore mieux à nos influences qui sont extrêmement différentes. Nous commençons d’ailleurs chaque concert par ce morceau qui est une invitation à voyager.
Louis Le Page : avec cet album, nous avons réussi à tirer un fil rouge à travers plusieurs esthétiques. Pour les suivants, nous aimerions accentuer ce mélange d’influences. Alexandre est franco-ivoirien, Adrien est normand et je suis franco-anglais. Nous voulons mettre tout notre background dans la musique.
Où situez-vous cette planète, Darnétal, un des morceaux de l’album, dans votre univers ?
Alexandre Bamba : c’est de là que tout est parti. C’est une planète un peu lointaine mais nous venons de là. Il est vrai que l’on s’en éloigne mais pour mieux y revenir. Elle ne s’oublie pas.
Comment avez-vous travaillé tous les trois sur Multiverse ?
Chacun arrive avec une idée de base. Si elle plaît, nous la développons ensemble. Il suffit juste d’une fraction, d’un thème, d’un bout de rythmique. C’est ce qui fait la richesse de notre projet, le travail est collégial.
Quelle est la part d’improvisation dans votre musique ?
Louis Le Page : Elle est moins importante aujourd’hui. Nous aimons quand les choix sont écrits. Nous voulons laisser plus de place à la musique écrite. En live, nous avons aimé les parties de solo des uns et des autres mais nous nous sommes calmés là-dessus. Atom, le premier single, se prête certes au solo et permet de construire une émotion, un groove. Alors, nous en faisons profiter le public.
Que contiendra le deuxième chapitre d’Akinroots ?
Louis Le Page : je termine l’école dans quelques jours et je serai à 100 % sur la musique, pour jouer et composer. Ce sera à tous les trois notre activité principale. Nous allons trouver un nouveau rythme parce que nous sommes tous les trois investis de la même manière. Maintenant, nous avons tellement envie de voir où cela peut nous emmener.
Infos pratiques
- Samedi 4 mai à 20 heures au Kalif à Rouen. Tarifs : de 15 à 9 €. Réservation en ligne
- Mardi 14 mai à 19h30 en première partie d’Ebo Taylor & The Family Band au 106 à Rouen. Tarifs : de 25 à 8 €. Pour les étudiants : carte Culture. Réservation au 02 32 10 88 60 ou sur www.le106.com –
- Des places seront à gagner pour la représentation au 106
- Aller au concert en transport en commun avec le réseau Astuce