Maylis de Kerangal à La Galerne

photo : Francesca Mantovani / Éditions Gallimard

Maylis de Kerangal fait partie de la première sélection pour le prix Goncourt. La compétition s’annonce rude mais pourrait sourire à l’autrice qui signe (encore) un petit bijou, Jour de ressac. Un roman qui se déroule au Havre et qu’elle présente ce lundi 9 septembre à La Galerne au Havre.

Jour de ressac commence comme un bon polar classique : la narratrice reçoit un appel téléphonique de la police – c’est souvent mauvais signe – parce que l’on a retrouvé son numéro à elle sur le cadavre d’un inconnu, lui-même retrouvé sur la plage. Et ça, c’est encore un autre mauvais signe. Il se trouve que la narratrice – comme l’autrice, d’ailleurs – a passé son enfance et son adolescence au Havre. Drôle de coïncidence…

Sauf que Maylis de Kerangal n’a pas écrit un polar. Et que donc, l’enquête ne va partir sur les chapeaux de roue dans une traque haletante quand surgira un dangereux sociopathe. Non, car ce que la narratrice – « de presque cinquante ans » – va voir surgir, c’est son passé. Son passé et ses propres fantômes. Et le rythme sera bel et bien haletant, dans un style maîtrisé qui cache bien son jeu, où les phrases sont tantôt courtes et souvent longues, à la cadence des idées qui se bousculent dans la tête de la narratrice.

Tout est sujet d’observation dans cette ville qu’elle retrouve, Le Havre qu’elle explique, dissèque pour en extraire toute sa singularité, ville rasée qui a perdu son histoire mais qui de fait est devenue fascinante. La ville est l’autre héroïne du roman, berceau à histoires, à destins esquintés. Et l’histoire policière devient alors une aventure humaine qui nous regarde au fond des yeux. Oui, c’est Jour de ressac, il fallait bien une fille de capitaine pour rejoindre la terre ferme…

Hervé Debruyne

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