C’est une longue histoire avec des personnages bien connus, Achille, Hélène, Agamemnon, Hector, Ulysse, Pénélope… Elle relate le conflit entre les Troyens et les Grecs, puis l’errance d’un homme qui a le profond désir de rentrer chez lui. Homère raconte toute cette épopée dans Iliade et Odyssée que met en scène Pauline Bayle, directrice du théâtre public de Montreuil dans un diptyque joué à Dieppe, à Flers, à Alençon et à Saint-Étienne-du-Rouvray. Deux pièces et une même troupe de cinq comédiennes et comédiens qui se partagent les rôles dans un même élan. Entretien avec l’un d’eux, Loïc Renard.
Quels souvenirs aviez-vous des récits d’Homère lorsque vous avez commencé à travailler sur ce diptyque ?
Enfant, on m’a raconté la légende d’Ulysse. Puis, l’Odyssée a fait partie de mon parcours scolaire. Devenu adulte, j’ai lu les deux récits. Puis, j’ai travaillé sur l’adaptation et là j’ai abordé les écrits d’Homère de façon plus approfondie. Cela m’a permis d’apprendre que l’on pouvait raconter des histoires de plusieurs manières. L’Iliade est une destinée collective de personnes engagées dans une aventure plus grande qu’elles. L’Odyssée est en revanche un récit à hauteur d’homme, celui d’une individualité qui cherche à se reconstruire. Ces deux textes sont des récits façonnés par la tradition orale. Ce sont des œuvres qui peuvent paraître difficiles d’accès parce que anciennes, or la langue est facile.
Vous vous êtes intéressé à ces récits à diverses périodes de votre vie. Qu’avez-vous appris à chaque fois ?
Ces récits s’illuminaient grâce au travail effectué. J’avance aussi grâce aux autres lectures, notamment celle des L’Iliade ou le poème de la force de Simone Weil. Celle-ci a apporté un éclairage sur la signification de la guerre entre les Troyens et les Grecs. Après une telle lecture, beaucoup de choses se sont éclairées.
Comme les autres comédiennes et comédiens, vous jouez dans les deux adaptations.
Oui, au niveau théâtral, c’est une belle proposition de voyage faite aux spectateurs. Et c’est très rare. Iliade et Odyssée sont deux épopées jumelles, cousines et différentes qui parlent de la condition humaine. La première est une forme de maturité en marche, de construction de soi. La seconde est un récit initiatique. Nous ressentons un plaisir très grand à jouer dans les deux pièces. D’autant que nous partageons les rôles. C’est comme si nous étions embarqués dans une grande tempête. Pour la traverser, nous mélangeons nos énergies.
Comment abordez-vous les différents rôles ?
Tout a été réfléchi très en amont. Lors de son travail, Pauline Bayle s’est demandé comment raconter l’histoire de ces héros avec des corps d’aujourd’hui, avec ce que nous sommes. Elle a décidé de faire une distinction entre l’interprète et le rôle et de ne pas lier un rôle à un visage. Ce qui nous permet de jouer des dizaines de personnages. Les figures légendaires nous appartiennent à tous. Nous sommes tous Ulysse, Zeus, Hera, Agamemnon…
Est-ce difficile ?
Cela fait partie du plaisir de jouer. Désormais, nous avons ces rôles dans les pattes. Il y a le plaisir à trouver une rupture et une fluidité pour passer d’un rôle à un autre, d’une scène à une autre. Ces spectacles nous font grandir en tant que comédiens. C’est la même chose quand nous lisons un livre à un enfant. Nous sommes la voix du narrateur, de la petite fille, de l’ogre… Nous passons d’un personnage à un autre avec diverses inflexions de voix. Là, nous faisons la même chose mais en plus grand. C’est nous en augmenté. Nous devons aussi trouver un fil rouge narratif qui nous réunit. Cela nous oblige à être dans un souffle commun pour être dans une unité de la narration.
C’est donc très physique ?
Oui, ce sont des spectacles assez physiques. Il y a une énergie sur le plateau. Nous sommes dans du théâtre d’action, d’énergie et de texte. C’est notre moteur. Nous ne déclamons pas. Nous faisons de cette langue ancienne une langue contemporaine. C’est une manière de ne pas se laisser gagner par une forme de lyrisme.
Est-ce que les personnages de ces deux récits sont marqués par une souffrance ?
Tout à fait. Simone Weil parle très bien de cela. Ils sont face à la matérialité de leur existence. Ils luttent contre leur finitude. Il y a quelque chose de âpre dans l’Iliade. Dans l’Odyssée, il y a une confrontation à la mort. Ulysse est confronté à la mort de ses compagnons et sa propre mort. C’est très organique.
Ces personnages restent cependant plein de contradictions.
Bien sûr. C’est leurs contradictions qui font avancer l’histoire. Ces héros ont des destinées qui les dépassent. Et ce qui fait leur destinée, c’est leur volonté. Il y a un esprit grec qui est en train de naître, une humanité qui veut devenir autonome. Ce sont des tentatives chaotiques mais magnifiques.
Infos pratiques
Iliade
- Jeudi 17 octobre à la scène nationale de Dieppe. Tarifs : de 25 à 12 €. Réservation au 02 35 82 04 43 ou sur www.dsn.asso.fr
- Lundi 24 février à 20 heures au Forum à Flers. Tarifs : de 20 à 7,80 €. Réservation au 02 33 64 21 21 Scène nationale 61
- Jeudi 27 février à 20 heures au théâtre à Alençon. Tarifs : de 20 à 7,80 €. Réservation au 02 33 64 21 21 ou sur Scene nationale 61
- Mardi 1er avril à 20h30 au Rive Gauche à Saint-Étienne-du-Rouvray. Tarifs : de 18 à 5 €. Réservation au 02 32 91 94 94 ou sur www.lerivegauche76.fr
- Durée : 1h25
Odyssée
- Vendredi 18 octobre à 20 heures à la scène nationale de Dieppe. Tarifs : de 25 à 12 €. Réservation au 02 35 82 04 43 ou sur www.dsn.asso.fr
- Mardi 25 février à 20 heures au Forum à Flers. Tarifs : de 20 à 7,80 €. Réservation au 02 33 64 21 21 ou sur Scene nationale 61
- Vendredi 28 février à 20 heures au théâtre à Alençon. Tarifs : de 20 à 7,80 €. Réservation au 02 33 64 21 21 ou sur Scene nationale 61
- Durée : 1h35