Le déni, le manque, la colère, la tristesse, l’incompréhension, l’acceptation… Les sentiments et les émotions arrivent les uns après les autres dans Contigo, un album de rupture à écouter en boucle. J. Bernardt, le projet solo de Jinte Deprez, un des membres de Balthazar, a su poser les bons mots sur de jolies mélodies. Il sera en concert jeudi 21 novembre au 106 à Rouen. Entretien.
Vous avez écrit cet album après une rupture amoureuse, une période qui est toujours chaotique. Vous a-t-il fallu du temps pour poser des mots sur les émotions ressenties ?
Oui, il m’a fallu du temps parce que j’ai traversé plusieurs émotions. Une rupture, c’est toujours beaucoup d’émotions et beaucoup d’humeurs. J’ai appris beaucoup. Contigo est un album très personnel et le live est maintenant devenu un dialogue avec le public qui peut s’identifier à ce moment de la vie.
Quelle a été votre difficulté à écrire ?
Après une rupture, on vit un sabotage de soi-même. Je n’avais pas d’autres choix que d’écrire. C’est le destin d’un songwriter d’écrire sur des épisodes émouvants. Avant tout, j’ai écrit pour moi, pour comprendre ce que je vivais, ce que je ressentais. Ce qui m’a ensuite permis de relativiser et de prendre un peu de distance, même de savoir un peu qui je suis. Quand j’ai commencé à écrire, il n’était pas question d’enregistrer ces chansons, encore moins de sortir un album. J’écrivais vraiment pour moi. Dans ces titres, il y a de la beauté et quelque chose d’universel que je pouvais partager. Pour moi, la tristesse est encore là mais s’envole. Avec l’album, cette histoire n’est plus mon histoire.
Est-ce qu’écrire seulement pour soi permet une plus grande liberté ?
Oui. Écrire pour soi, ce n’est vraiment pas la même chose. Au tout début, lorsque l’on écrit, on veut tourner partout, même conquérir le monde. C’était cela avec Balthazar. Là, j’étais seul dans ma chambre. Je me posais des questions existentielles et je suis allé au plus profond des sentiments. Je me suis permis cela.
Cet album est une traversée dans les sentiments qui évoluent au fil du temps. L’avez-vous imaginé ainsi ?
Après une rupture, on passe par divers sentiments. Ça commence par la colère. En fait, chaque chanson est un monologue à mon ex. C’est comme un échange sur chaque émotion. Toutes sont importantes parce qu’elles permettent d’arriver à l’acceptation.
Il vous fallait aussi des atmosphères musicales différentes.
Oui, je voulais des soundtracks pour chaque moment, donc un son particulier. Ce qui rend cet album cinématographique. Pour moi, la musique existe pour pouvoir exprimer une chose quand on ne sait pas comment le dire.
Pourquoi avez-vous souhaité réaliser cet album tout seul ?
J’avais envie d’un projet solo. Je ne cherchais pas une vérité parce qu’il n’y en a pas. Comme je ne sais qui je suis, j’écris des chansons pour tenter de le savoir. Pour cet album, j’ai aussi écrit les arrangements. Après, j’ai invité des amis pour l’enregistrement. À plusieurs, cela crée de la magie. C’est moins intéressant de faire de la musique tout seul et encore moins riche. Tu viens avec tes chansons et tu demandes à tes amis de jouer dessus. Forcément, ils jouent à leur manière et ils apportent un plus. J’aime beaucoup ça.
Vous avez parlé de cinéma. Allez-vous souvent voir des films ?
Non, Je me souviens, quand j’étais petit, mon père avait des CD avec des musiques de film, notamment celles d’Ennio Morricone. J’écoutais surtout les musiques qui m’ont influencé.
Il y a un certain romantisme dans votre album. Êtes-vous une personne romantique ?
Oui et il faut être romantique quand on écrit des chansons.
Comment allez-vous aujourd’hui ?
Je me sens bien. J’ai écrit cet album pour moi, aussi pour tout le monde. Il y a quelque chose de cathartique. Je suis en train d’écrire de nouvelles chansons qui célèbrent la vie. Juste après une rupture, on se sent seul et on est vraiment seul. Au fil du temps, tu apprends qu’il y a beaucoup de beauté à être seul et que cela t’offre une certaine liberté.
Infos pratiques
- Jeudi 21 novembre à 19h30 au 106 à Rouen
- Première partie : Noémie Wolfs
- Tarifs : de 23 à 6 €
- Réservation au 02 32 10 88 60 ou sur www.le106.com
- Aller au concert en transport en commun avec le réseau Astuce