La musique de Labelle est un fin cocktail coloré de maloya et de musiques électroniques composé ces dix dernières années. L’artiste réunionnais est en concert samedi 14 et dimanche 15 décembre au Préau le temps d’une sieste pour vivre une épopée musicale pendant Les Feux de Vire.
Labelle a grandi en écoutant de la musique électronique. « Ma mère et mon grand frère adoraient ça ». Quand le musicien a eu ce désir de connaître l’histoire de La Réunion où est né son père, il a découvert le maloya. « J’ai eu un choc, se souvient Jérémy Labelle. Un choc émotionnel qui m’a bien remué. Il y a une force rythmique dans cette musique. C’était étrange parce qu’il y avait comme une évidence. Pourtant, j’ai mis du temps à la comprendre, à la décoder. Moi qui ai suivi des études de musicologie, j’ai eu une approche analytique ».
S’est ensuite ajouté le volet politique. « J’ai demandé à mon père ce qu’était le maloya. Il m’a répondu : c’est quelque chose de compliqué. J’ai alors découvert un pan de l’histoire. La génération de mes parents a peu écouté le maloya. Ce n’était pas bien vu parce que la musique était associée au communisme et à un moment de lutte à La Réunion. De plus, la langue créole n’était pas tolérée. Tout cela a été mis de côté. Néanmoins, le maloya est la première forme artistique qui caractérise la créolité réunionnaise ».
Un premier chapitre
Jérémy Labelle a alors tissé des liens entre le maloya et les musiques électroniques, deux styles en apparence lointains. Le musicien voit en revanche une proximité dans leur genèse et leur filiation. « Même si on utilise des outils différents, il y a un lien plus ou moins fantasmé avec l’Afrique ». Dans sa musique, Labelle part à la recherche de ses racines, explore des sentiers traditionnels dans des ambiances électro. Il a sorti en 2013 son premier album, Ensemble, qui dessinait les contours de son univers. « C’était une cartographie pour dévoiler ce que j’aimais dans la musique. Le deuxième album, Univers-île, était une recherche d’une identité réunionnaise et m’a permis d’approfondir mon travail ».
Labelle a souhaité revenir sur cette première décennie de création avec Dizan, une sieste musicale proposée les 14 et 15 décembre au Préau à Vire pendant Les Feux de Vire. « C’est un voyage à travers les pièces de mon répertoire et tout ce qui a constitué ces années de musique. En travaillant sur ce set, je me suis rendu compte que plus le temps avance, plus les projets s’enrichissent et plus je vais au fond des choses ». À l’image du nouvel album, envoûtant, de Labelle, Noir Anima. « C’est presque une psychanalyse pour essayer de me connaître ». L’artiste clôt ainsi un premier chapitre.
Infos pratiques
- Samedi 14 et dimanche 15 décembre à 14 heures et 17 heures au Préau à Vire
- Durée : 45 minutes
- À partir de 5 ans
- Tarifs : 10 €, 5 €
- Réservation au 02 31 66 66 26 ou sur www.lepreaucdn.fr