Place aux émotions enivrantes

Entre deux cours de français, Iris (Isabelle Huppert) déambule dans un écrin de verdure… / Photo : Jeonwonsa Film Co

Isabelle Huppert devient La Voyageuse du réalisateur sud-coréen Hong Sang-soo. Après In another country (2012) et La Caméra de Claire (2017), c’est la troisième fois que ces deux-là collaborent pour le plus grand plaisir des amateurs de films parfois étranges et toujours poétiques. Le film sort ce mercredi 22 janvier.

Cette fois, Isabelle Huppert incarne une Française récemment débarquée à Séoul. C’est à peu près tout de ce que l’on saura d’Iris. On ne saura ni pourquoi elle a quitté la France ni pourquoi elle a choisi la Corée. On ne saura pas non plus ce qu’elle fait dans la vie pour subvenir à ses besoins avant de la découvrir en train donner un cours particulier de français à une jeune femme sud-coréenne avec une méthode toute aussi particulière. Cette méthode basée sur les émotions, elle l’applique également avec une autre adulte, surprise mais intéressée. Et l’exercice a déjà de quoi faire sourire puisque, ne parlant pas le coréen, Iris et ses élèves doivent passer par l’anglais. Une gymnastique qui donne du piment à leurs entretiens.

Isabelle Huppert, toujours aussi malicieuse, s’amuse comme une petite folle à jouer la fantaisie de la candide Iris. Il faut la voir simplement se promener dans un parc, se déchausser pour traverser un ruisseau pieds nus, s’émerveiller des poèmes qu’on lui traduit gentiment, jouer de la flûte en ignorant les fausses notes, ou encore avouer son goût prononcé pour le makgeolli, alcool de riz doux qu’elle boit comme du petit lait, au point de frôler l’ivresse et draguer sans vergogne le mari de son élève, plus amusé que choqué. 

Hong Sang-soo nous propose un film doux, drôle et poétique, qui laisse place à la réflexion sur la solitude de l’être humain quelles que soient ses interactions avec les autres. Avec sa façon de questionner ses interlocuteurs — élèves, proches ou amis —, Iris sert de révélateur imprévisible à leurs problèmes. Mais toujours avec la délicatesse de Hong Sang-soo.