Un homme, deux clarinettes, un clavier, quelques voix surgies de nulle part et un homard bleu d’Atlantique. Avec Bien, reprenons, présenté mercredi 5 février au Sillon à Petit-Couronne, Roman Gigoi-Gary tisse une partition hybride, entre théâtre et musique, confession et fiction, humour et vertige existentiel. Il entraîne dans les méandres d’un parcours d’artiste, quelque part entre la quête de soi et le grand n’importe quoi du réel.
Ici, le musicien rejoue la bande-son de sa vie en live. De sa clarinette d’enfant studieux aux partitions électriques de ses expérimentations sonores, il fait entendre ce qui vibre sous la surface d’un parcours musical. « On a tous commencé par la flûte à bec, on a tous souffert », glisse-t-il malicieusement. Mais au-delà de la virtuosité, ce solo, Bien, reprenons, est une traversée intime, peuplée de voix intérieures et extérieures qui jalonnent son apprentissage : profs de conservatoire à la pédagogie d’un autre siècle, famille bienveillante mais dépassée, conseillers Pôle Emploi en mode absurde. Une polyphonie de souvenirs et de situations cocasses, entre tendresse et autodérision.
En quête de soi
L’artiste convoque une galerie de personnages dont il est le propre chef d’orchestre. Un écho à son itinéraire, qui commence dans les couloirs feutrés du conservatoire avant de bifurquer vers des chemins plus chaotiques. « À un moment, j’ai découvert qu’on pouvait jouer autre chose que du classique et ça a changé ma vie« . Parce qu’un musicien, c’est aussi un intermittent qui court après les cachets, un artiste qui doute et un passionné qui refuse d’entrer dans les cases. Bien, reprenons met en musique cette quête, entre improvisation, écriture et composition, rigueur et lâcher-prise. Comme si la vie elle-même était une partition toujours en mouvement, jamais figée.
À la croisée des genres
Ce spectacle, c’est du théâtre, mais pas seulement. C’est un concert, mais pas vraiment. C’est une création radiophonique, sans être diffusée sur les ondes. Roman Gigoi-Gary joue sur tous les tableaux et refuse les étiquettes. « Au final, c’est comme une radio intérieure où toutes mes voix se répondent« , explique-t-il. Le spectateur est embarqué dans un road-trip sonore où la clarinette dialogue avec des samples, où le quotidien bascule dans l’absurde, où la musique devient un moyen d’exorciser les petites humiliations et les grandes victoires.
Drôle, touchant, toujours en équilibre entre gravité et légèreté, il compose une fresque sonore où chacun peut se retrouver, musicien ou non. Parce qu’au fond, on a tous une bande-son intérieure et une histoire à rejouer. Et au bout du voyage, une question plane : et si on pouvait recommencer autrement ? Se réincarner, pourquoi pas, en homard bleu d’Atlantique ?
Infos pratiques
- Mercredi 5 février à 19 heures au Sillon à Petit-Couronne
- Durée : 1 heure
- Spectacle à partir de 10 ans
- Tarifs : 8 €, 4 €
- Réservation au 02 35 69 12 13 ou en ligne
- Aller au spectacle en transport en commun avec le réseau Astuce
- Des places sont à gagner !