Elle avait juré qu’on ne l’y reprendrait plus. Mais chassez le naturel, il revient en talons aiguilles. Maria Dolores, icône madrilène exubérante, renoue avec le tango aux côtés de l’Amapola Quartet, samedi 15 février au théâtre Montdory à Barentin. Entre humour mordant et émotion brute, elle ressuscite la fièvre argentine avec une voix envoûtante et une théâtralité débridée.
Une diva d’Almodóvar au pays du tango. Maria Dolores ne fait rien à moitié. Enveloppée de ses atours flamboyants, la diva à la crinière léonine et à la silhouette sculpturale fait une entrée théâtrale, entre grâce et parodie assumée. « Moi, le tango ? Jamais plus ! Et pourtant, me revoilà, mes chéris ! », s’exclame-t-elle face au public, les yeux plantés dans les projecteurs comme une héroïne de melodrame. L’ironie est sa signature, l’excès, son langage. Mais derrière l’apparente légèreté se cache une interprète d’exception, qui joue autant avec sa voix qu’avec ses effets de scène. Sa tessiture riche et profonde embrasse le tango avec une intensité rare, flirtant tour à tour avec la plainte et l’exaltation.
Une joute piquante avec l’Amapola Quartet. Si Maria Dolores joue les divas capricieuses, l’Amapola Quartet n’est pas en reste. Composé de musiciens virtuoses, l’ensemble répond aux facéties de la chanteuse avec un second degré savoureux. « Ils ne sont là que pour me sublimer ! », lance-t-elle avec un sourire mutin, avant de houspiller l’accordéoniste d’un revers de gant. Mais l’alchimie est là : sous les joutes verbales et les pitreries, une véritable complicité musicale se tisse. Le violon sanglote, la contrebasse vrombit, le bandonéon soupire, le piano exulte et la voix de Maria Dolores se fait tour à tour caressante ou incendiaire.
Avec Maria Dolores, le tango n’est jamais figé. Il explose en éclats de rire, se glisse dans une confidence murmurée, s’emballe dans une interprétation brûlante. Le répertoire oscille entre grands classiques et perles méconnues, offrant au public une immersion dans les méandres passionnés de Buenos Aires. Mais toujours avec cette distance espiègle qui fait tout le sel du spectacle. Une performance où l’on passe du rire aux larmes, emporté par une artiste qui conjugue l’ivresse du cabaret et l’émotion brute du tango. « Si l’amour savait parler, sa langue serait celle du tango. » Maria Dolores avait juré de ne plus jamais chanter le tango. Pourvu qu’elle ne tienne pas parole.
Infos pratiques
- Samedi 15 février à 20h30 au théâtre Montdory à Barentin
- Durée : 1h20
- spectacle à partir de 10 ans
- Tarifs : de 15 à 7€
- Réservation au 02 32 94 90 23