Julien Chauvin a souhaité ce rendez-vous, festif et gourmand. Durant trois jours, du 21 au 23 mars au Théâtre de Caen, le directeur artistique du Concert de La Loge et premier violon du Quatuor Cambini-Paris propose une plongée dans l’œuvre de Joseph Haydn (1732-1809). Alors Osez Haydn !, titre de ce week-end avec un programme incluant musique, ateliers, conférences, lectures, dégustations de chocolat, expositions… Le Concert de la Loge accueillera de grands solistes, tels Justin Taylor, pianoforte, Victor Julien-Laferrière, violoncelle, et Mélissa Petit, soprano. Entretien avec Julien Chauvin.
Pourquoi faut-il oser Haydn ?
Il faut oser Haydn parce que la figure de Joseph Haydn est moins populaire que celle de Beethoven ou Mozart. Il reste parfois un compositeur pas bien connu et pas bien compris non plus. Il a beaucoup composé et il est possible de se perdre dans cette masse d’œuvres. D’ailleurs les programmateurs et directeurs d’opéra et de théâtre restent prudents lorsqu’il s’agit de Haydn. Notre volonté est de mettre un coup de projecteur sur ce compositeur qui est fabuleux.
Pourquoi est-il fabuleux ?
Il a une maîtrise de tous les genres. Que ce soit l’opéra, la musique de chambre… Il est également très spirituel. Il met beaucoup d’humour dans sa musique. Il y a des œuvres incontournables comme La Création, Les Saisons, Le Miracle, Les Adieux, La Passsione. Ce sont des pièces d’une grande beauté.
Est-ce que Haydn a aussi osé dans ses compositions ?
Oui, il a osé. À un moment, dans sa carrière, il était au service du prince Esterházy. Il avait un petit orchestre d’une quinzaine de musiciens et devait écrire en permanence. Il devait se renouveler constamment, chercher de nouvelles couleurs instrumentales et orchestrales. Pas une symphonie ne ressemble à une autre. Il innovait sans cesse.
Est-ce que Haydn a réussi à faire preuve d’imagination dans toutes ses pièces ?
Oui, comme Bach qui, lui aussi, a composé chaque semaine une cantate pour l’Église. Haydn arrive vraiment à se renouveler. Il a composé notamment pour un nouvel instrument, le baryton, dont jouait le prince Esterházy. Il évolue au fil du temps. C’est pour cette raison que nous avons décidé de donner l’intégrale des quatuors au Théâtre de Caen pour redécouvrir ces pièces musicales et montrer l’évolution de son écriture.
Qui a surtout influencé Haydn ?
Il a surtout été influencé par certains de ses maîtres allemands. Haydn est considéré comme un bâtisseur, un créateur de genre. Il a notamment créé le quatuor à corde avec ces quatre instruments, deux violons, un alto et un violoncelle. C’est devenu un genre à part entière. Haydn est aussi le père de la symphonie. À son époque, nous sortons de la période baroque pour voir apparaître une nouvelle forme plus orchestrale avec les quatre mouvements. C’est une forme qui sera utilisée jusqu’à Brahms, Bruckner et Mahler. Haydn a forgé l’histoire de la musique. Il est un visionnaire.
Qu’est-ce qui vous a guidé dans l’élaboration de ce programme, Osez Haydn ! ?
Avec Patrick Le Foll, le directeur du Théâtre de Caen, nous souhaitions un week-end festif avec un programme passant d’un concert de musique de chambre à un concert de musique symphonique avec des solistes, à un récital de pianoforte. Il y a aussi l’idée de la découverte en allant d’un lieu à un autre, dans l’amphithéâtre, dans la grande salle, à l’église Notre-Dame-de-La-Gloriette.
Qu’est-ce que Les bêtises de papa Haydn ?
C’est un concert qui permettra de décortiquer d’une manière simple les œuvres de Haydn, de comprendre pourquoi telle symphonie porte tel titre. Nous allons raconter des histoires. Par exemple, la symphonie Le Miracle n’est pas rattachée à un élément musical mais à un événement. À la création de cette pièce, à Londres, le grand chandelier est tombé dans la salle sur le public. Il n’y a pas eu de victime. C’est un miracle.
Pourquoi avez-vous choisi cette œuvre, Les Sept Dernières paroles du Christ en croix ?
C’est une œuvre unique que Haydn a beaucoup appréciée. Elle a tout d’abord été écrite pour un quatuor, puis pour un orchestre, puis pour un orchestre, chœur et soliste. C’est une commande faite pour être jouée au milieu d’un service religieux. Entre chaque parole, il y avait un prêche du prêtre. Cette œuvre est un enchainement de sept mouvements lents qui se terminent par un tremblement de terre. On dit que cette pièce est à prendre comme une méditation. Ce sont aussi des réflexions. On peut méditer les paroles mais bien d’autres sujets.
Infos pratiques
- Vendredi 21 et samedi 22 mars à 20 heures, dimanche 23 mars à 15h30 au Théâtre de Caen, à l’église Notre-Dame-de-La-Gloriette
- Programme complet
- Tarifs : de 27 à 8 €
- Réservation au 02 31 30 48 00 ou en ligne