C’est une œuvre romantique, empreinte de mélancolie et de douleur. Le Poème de l’amour et de la mer est un cycle de mélodies écrites par Ernest Chausson, entre 1882 et 1892, sur un texte de Maurice Bouchor. Cette œuvre évoque une marche du temps et l’oubli. Accompagné par l’orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie, dirigé par Swann van Rechem, Stéphane Degout l’interprète vendredi 28 et samedi 29 mars au Théâtre des Arts. Entretien avec le baryton.
Peu de chanteurs interprètent cette œuvre qui est pourtant a priori le récit d’un jeune homme. Qu’est-ce qui vous a amené à choisi ce « Poème » ?
C’est en effet un ténor, Désiré Demest, qui a créé cette œuvre à Bruxelles en 1892, avec Ernest Chausson au piano, et le narrateur est vraisemblablement un homme, mais la création de la version orchestrale, quelques mois après, a été confiée à une soprano, Éléonore Blanc. De là sans doute la tradition s’est installée. J’aime chanter cette œuvre mais j’aime également l’entendre avec une voix de femme. Tous les goûts sont dans la nature ! C’est un ami pianiste qui m’a suggéré de m’intéresser à ces poèmes de Maurice Bouchor et surtout à ce que Ernest Chausson en fit.
Comment avez-vous appréhendé cette œuvre ?
En l’écoutant, en lisant la partition, en l’essayant. Très vite, je me suis senti dans mon élément, la mélodie française, orchestrée dans ce cas précis.
Comment qualifieriez-vous l’écriture de Maurice Bouchor ?
Maurice Bouchor écrit son recueil, qui compte une cinquantaine de poèmes, au début des années 1870. Et comme chez Paul Verlaine à la même époque, on sent déjà poindre dans ce style parnassien quelques tentations vers le symbolisme. Le vocabulaire et les images sont assez classiques mais la fluidité de la langue lui donne une musicalité immédiate et naturelle.
La musique de Chausson souligne-t-elle chaque intention émotionnelle ?
Oui, à la fois le lyrisme discret et une sublimation des images, sans jamais tomber dans les travers de l’illustration simpliste.
Un drame se joue dans ce Poème de l’amour et de la mer. Devez-vous être en tant qu’interprète dans une émotion ?
On doit toujours avoir la distance nécessaire qui permet au texte, porté par la musique, de voyager du compositeur à l’auditeur. Cela n’interdit pas de prendre du plaisir ni à ressentir les mêmes émotions que le public.
Infos pratiques
- Vendredi 28 mars à 20 heures, samedi 29 mars à 18 heures au Théâtre des Arts à Rouen
- Au répertoire de ce concert : Les Eaux célestes de Camille Pépin, Les Biches de Francis Poulenc et des extraits de Roméo et Juliette de Sergueï Prokofiev
- Durée : 1h40
- Tarifs : de 38 à 10 €
- Réservation au 02 35 98 74 78 ou sur www.operaderouen.fr
- Aller au concert en transport en commun avec le réseau Astuce