Une émission rêvée avec Arcan et Dustan

Dans Jamais je ne vieillirai, Jeanne Lazar réunit deux fortes personnalités littéraires des années 1990 et 2000, Nelly Arcan et Guillaume Dustan, qui se retrouvent dans des émissions de télévision face à des contradicteurs féroces. C’est mardi 22 et mercredi 23 juin à l’espace Marc-Sangnier à Mont-Saint-Aignan avec le CDN de Normandie Rouen.

Retour aux années 1990, celles de sa naissance. Jeanne Lazar s’intéresse aussi à cette décennie pour cette « impression encore d’une sorte de liberté » et « un vrai changement dans la littérature ». La comédienne et metteuse en scène, fondatrice de la compagnie Il faut toujours finir ce que l’on a commencé, se confronte à l’écriture de Guillaume Dustan qui l’amènera à celle de Nelly Arcan. Tous deux sont des écrivains modernes qui brûlent la vie et multiplient les expériences. Ils sont bien loin de l’image attendue par le milieu littéraire et les médias. Elle est une jeune femme. Il est homosexuel et séropositif. Elle se suicide à l’âge de 36 ans. Il meurt brutalement à 39 ans après une intoxication médicamenteuse.

Dans leurs romans, Nelly Arcan et Guillaume Dustan écrivent à la première personne et abordent les mêmes sujets, leur vie, la jeunesse, l’impatience, la drogue, la maladie, la sexualité…, mais de manière différente. « Nelly Arcan a une écriture plus tortueuse, plus métaphysique qui creuse et nous enterre. Dustan donne des ailes avec ses phrases courtes et percutantes, son vocabulaire du quotidien. Il a une écriture crue mais poétique avec peu d’artifice ».

Deux vainqueurs

Jeanne Lazar convoque l’autrice et l’auteur à deux émissions de télévision. « Elle y allait pour vendre des livres mais elle a été humiliée parce qu’elle était une femme. Lui voulait parler au plus grand nombre et défendre une forme de liberté ». La comédienne tient le rôle de la journaliste. Elle a invité dans son studio chaleureux l’une après l’autre, Nelly pour Burqa de chair et Guillaume pour Je sors ce soir, également Jean-Luc et Laurent, deux écrivains qui portent la parole d’autres écrivains et invités. À ces débats, Jeanne Lazar a souhaité des vainqueurs. Ce sera Nelly et Guillaume. Pour la première, il fallu contrer les propos misogynes et moralisateurs. Le second a choqué avec ses phrases considérées comme provocantes. 

« Ils ont été incompris et caricaturés. L’intérêt est de rendre la parole médiatique comme possiblement émancipatrice. J’aime les écrivains qui parlent. Ce n’est pas leur métier de se montrer, d’être dans la lumière. Ces personnes-là agissent dans l’ombre et dans la solitude. Ce sont des choses que je peux ressentir ». Dans Jamais je ne vieillirai, reporté les 22 et 23 juin, après une résidence à l’automne 2020 au CDN de Normandie Rouen, Jeanne Lazar mêle les propos recueillis lors d’interviews de Nelly Arcan et de Guillaume Dustan et y ajoute une adaptation de leur roman, Burqa de chair et Je sors ce soir, pour interroger la figure de l’écrivain.

Infos pratiques

  • Mardi 22 et mercredi 23 juin à 20 heures à l’espace Marc-Sangnier à Mont-Saint-Aignan. 
  • Durée : 1h50
  • Spectacle tout public à partir de 16 ans
  • Représentation accessible aux publics en situation de handicap visuel
  • Tarifs : 15 €, 10 €. Pour les étudiants : carte Culture
  • Réservation au 02 35 70 22 82 ou sur www.cdn-normandierouen.fr
  • photo : François Stemmer