Lucrèce Borgia, ce sera du 9 au 17 décembre à La Foudre à Petit-Quevilly. Ce sera aussi une nouvelle mise en scène de David Bobée. En attendant, le directeur du Centre dramatique national de Haute-Normandie répète cette pièce populaire de Victor Hugo au théâtre avec Béatrice Dalle, sa Lucrèce Borgia.
« Lucrèce Borgia m’habite depuis longtemps ». Cette pièce de jeunesse de Victor Hugo s’est imposée à David Bobée lorsque le château de Grignan, dans la Drôme, lui fait une proposition de création pour les prochaines Fêtes nocturnes. Le metteur en scène trouve dans ce texte bien évidemment une langue, une puissance littéraire et aussi une histoire qui génère des monstres et aiguise les passions.
David Bobée travaille sur deux scénographies, une première en extérieur et une seconde pour les théâtres. Point commun : l’eau qui recouvre toute la scène. L’élément sera le reflet de l’architecture du château et celui d’un théâtre à nu où tout se construit. Il est le miroir d’une société violente et des corps de ces monstres.
Dans cette nouvelle mise en scène, David Bobée marie une nouvelle fois « tous les outils du théâtre ». C’est son théâtre. Il réunit divers talents : des comédiens, des danseurs, des acrobates, un musicien…
Qui pour tenir le rôle de Lucrèce Borgia ? Cette femme impitoyable, machiavélique et de pouvoir dans un monde très violent qui est aussi une mère aimante. Lucrèce Borgia a eu un fils, Gennaro, qui ignore tout de ses parents. Elle finira par être démasquée et se lancera dans une terrible vengeance. David Bobée n’a pas hésité. « C’était comme un évidence. Quelle actrice, quand elle met un pied sur un plateau, montre autant de sensibilité, de féminité, une capacité à faire fantasmer et aussi quelque chose de sulfureux ? Lucrèce Borgia a cette carrière d’empoisonneuse, est dans une quête de rédemption. Elle est prête à tout pour se racheter auprès de son fils ».
Une déclaration d’amour
Béatrice Dalle n’a pas hésité non plus. Cette première pièce de théâtre, elle ne l’avait pas envisagé autrement qu’avec David Bobée. Femme libre, aussi drôle qu’émouvante, elle « avait envie de lui. Je ne travaillerai pas avec d’autres que lui. Ce n’est pas possible. J’ai une confiance absolue en David. Je n’ai aucune éducation théâtrale. Je suis une novice. Je ferai tout ce qu’il me demandera. Ma seule ambition est de le satisfaire ».
Une véritable déclaration d’amour à un metteur en scène dont elle apprécie bien sûr le travail. « Quand je vais voir une pièce de David Bobée, je vais à un concert rock ». Elle a également trouvé le plaisir de jouer. « Souvent le plaisir est là lorsque l’on entend : fin de journée. Ici, tout le monde est bienveillant, très attentionné. Je suis très attachée à cette troupe. Nous travaillons depuis une semaine, nous sommes encore plus soudés. Au cinéma, on vit une aventure humaine pendant un tournage. Après chacun repart dans son coin. Au théâtre, c’est du long terme. Pour l’instant, c’est une super aventure humaine ».
Le texte de Victor Hugo reste pour Béatrice Dalle, « une épreuve. C’est difficile à apprendre tout cela. Au cinéma, la pression, nous la vivons par petites périodes. On est bien content quand on s’en est débarrassé. Là, la bête immonde revient tous les soirs. On est obligé de vivre avec ».
- Création au château de Grignan lors des fêtes nocturnes du 26 juin au 23 août.
- Au théâtre de La Foudre à Petit-Quevilly du 9 au 17 décembre.
