Départ : Valencia en Espagne. Arrivée : Leipzig en Allemagne. Entre ces deux villes, un voyage musical effectué par un musicien en 1730 qui se nourrit à chaque étape de musiques ancienne et moderne. Tel est le périple proposé par Le Concert brisé, dirigé par William Dongois, mardi 20 août pour l’ouverture de la seizième édition du festival de musique ancienne à Arques-la-Bataille.
Tout serait… une affaire d’arrangement. En musique notamment. « Jusqu’au XIXe siècle, les musiciens ont beaucoup arrangé. Il y avait donc autant de possibilités d’arrangement que de musiciens », rappelle William Dongois.
Travailler sur cette question met en perspective le concept d’œuvre originale et interroge sur le degré de liberté que peut s’offrir l’interprète sans trahir la pensée du compositeur.
Le musicien, fondateur du Concert brisé, qui a travaillé sur l’arrangement historique, évoque cette problématique à travers une histoire en forme de voyage musical de Valencia jusqu’à Leipzig en 1730. « A cette époque, l’Espagne connaît un retard sur le plan des styles musicaux. On peut donc imaginer un joueur d’anches et d’orgue qui traverse l’Europe pour se rendre compte de l’évolution musicale. Il recopie les musiques pour les collectionner. C’est une histoire fictive, à la fois improbable et plausible », indique William Dongois.
Pour comprendre cette notion d’arrangement, le cornettiste et Le Concert brisé interprète des œuvres de l’espagnol Cabanilles, puis de Philidor l’Ancien, de de Lalande, de Lully, compositeurs français. « Je suppose, et ce n’est pas forcément faux, qu’il a entendu parler de Sweelinck, grand organiste » en arrivant à Amsterdam. Ensuite, direction Hambourg avec Scheidemann et Lübeck où « il ne peut échapper à Buxtehude parce que son empreinte est restée vivante longtemps ». Leipzig enfin, « Bach, le cantor vient de terminer une ébauche de la Messe en si. Toucher à cette pièce me faisait peur. C’est un peu la vache sacrée de la musique classique. J’avais peur de la réaction des musiciens. C’est une musique que j’écoute de temps en temps, que je ne joue pas. J’ai donc un regard plus neutre ».
Ce voyage musical a nécessité un long travail de préparation qui a permis à William Dongois de « se rendre compte des procédés d’écriture ». Au public de se laisser guider dans ces paysages divers et colorés.
- Mardi 20 août à 20h30 en l’église d’Arques-la-Bataille
- Tarifs : 14 €, 9 €, gratuit pour les moins de 18 ans. Réservation sur www.academie-bach.fr
Concert brisé :
Christine Moran : violon
Katharina Bäuml : hautbois et hautbois d’amour
Martin Bauer : viole de gambe
Stefan Legée : sacqueboute
Hadrien Jourdan, Carsten Lohff : orgue et clavecin
Benjamin Perrot : luth baroque
Monica Fischalek : basson
William Dongois : cornet à bouquin et direction
Rencontre mardi 20 août à 16h30 au Presbytère avec Bernard Sève qui dédicacera son livre L’Instrument de musique, une étude philosophique.