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Expo à Rouen : Punk is not dead au 106

Le 106 est punk jusqu’au 18 novembre. La salle de musiques actuelles rouennaise propose une exposition Punk, 40 ans de no future qui réunit des pochettes d’albums de groupes emblématiques, des souvenirs des Olivensteins et les photographies de Sue Rynski, l’artiste qui a vu naître la scène punk à Détroit.

photo Sue Rynski

La photographie, « c’est mon art ». Surtout pas pour être le témoin d’une époque ou d’un événement. Sue Rynski n’a jamais envisagé de devenir journaliste. Elle a toujours préféré capter une énergie. Pourtant ses images racontent l’underground du Detroit des années 1970, les premiers élans de la scène punk qui rassemblaient ses copains. Ses copains ? Ce sont Destroy All Monsters, The Sillies, Sonic’s Rendez-Vous Iggy Pop, The Cramps, Patti Smith, Ramones… Sue Rynski était là pour croquer la vie à pleines dents. « On ne cherchait rien. On avait juste envie de créer parce que la musique que nous voulions entendre n’existait pas. Nous faisions pour la plupart partie de la classe moyenne américaine et nous nous retrouvions dans une pépinière d’artistes. Nous voulions être libres. Il n’y avait pas de démarche politique. C’était pour le fun ».

Plusieurs photographies de Sue Rynski sont exposées jusqu’au 18 novembre au 106 à Rouen. De grands formats de ses amis qui démontrent la folie et la magie de ces soirées, la sensualité et la puissance des artistes. Il y a une étonnante énergie, une construction graphique très personnelle dans ces images en noir et blanc. Sue Rynski raconte la scène rock au Brookie’s Club 870 qui se transforme au fil des années.

« On n’avait pas du tout de complexe »

« C’est la musique qui inspire mes photos », explique l’artiste aux beaux yeux vert émeraude. « J’ai compris cela lors d’une répétition. Un jour, je me suis rendu compte que je bougeais le levier qui embobine la pellicule au rythme de la musique ». La musique qui fait autant partie de sa vie que la photographie. Plus jeune, Sue Rynski a eu envie de jouer de la batterie. Elle a fait partie d’un groupe. « J’ai même écrit une chanson que j’ai enregistré. On avait pris ma voix comme ça. On n’avait pas du tout de complexe. A priori, le morceau va sortir bientôt. C’est très amusant ».

Installée à Paris, Sue Rynski poursuit son travail photographique, exposé à travers le monde. Elle va dans les petits clubs, les squats… Tous ces endroits où se produisent des groupes inconnus. Aujourd’hui, elle veut porter « un regard ethnographique ». Elle collabore avec les chercheurs du projet PIND (Punk is not dead).

 

 

 

Le punk à Rouen

40 ans plus tard, la colère ne s’est pas apaisée. Éric Tandy se souvient toujours de ce sentiment « quasiment contre le monde entier, contre cette génération apathique des ex-soixante-huitards. En fait, ils n’étaient pas assez destroy et ils détestaient le rock. Ils se disaient en rébellion mais se montraient très conformistes ». Aujourd’hui, le musicien des Olivensteins a toujours la rage. « Je pense que c’est encore pire. Cette colère est alimentée par ce que nous vivons. On est dans une société encore plus désespérée ».

Les Olivensteins est un groupe punk rouennais de la fin des années 1970. À peine deux années d’existence mais une empreinte forte avec des titres provocateurs. Éric Tandy est notamment l’auteur d’Euthanasie, seul 45 tours des Olivensteins. « Cela a été tellement intense. En fait, ce groupe, c’est un accident. Lors d’une répétition d’un groupe, mon frère, Gilles, s’est amusé à prendre le micro et on s’est aperçu qu’il avait une voix. Le groupe s’est formé. Personne n’avait d’ambition. Moi, j’écrivais des paroles. Le puzzle s’est monté de cette manière. On jouait un rock qui nous appartenait. C’était le nôtre ». Il a fallu attendre quarante ans pour que les Olivensteins aient leur premier album. Et ce, grâce au label Born Bad qui s’est intéressé de près à cette histoire.

L’exposition, Punk, 40 ans de no future, présente des partitions, les textes des titres écrits de la main d’Éric Tandy, la pochette de l’album avec le fameux Euthanasie. A côté, il y a toute la scène punk rock rouennaise de l’époque. Face à ces souvenirs, Éric Tandy ne cache pas « un peu de nostalgie. A cette époque, les choses étaient beaucoup plus simples. Pour être diffusé, il suffisait d’envoyer un disque à une radio pour l’entendre deux jours plus tard ».