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Art et déchirure : du théâtre, des expos et un musée d’art singulier

photo Kentin Denoyelle

La 16e édition d’Art et Déchirure sera marquée par l’ouverture du musée d’art singulier. Une toute nouvelle structure qui rassemble les collections du festival dans un des longs bâtiments en brique du centre hospitalier du Rouvray à Sotteville-lès-Rouen.

Quelques nouveautés pour cette prochaine édition d’Art et Déchirure ! Tout d’abord, un retour du festival à l’automne : la première s’est tenue en octobre 1989. Quant à la seizième, elle se déroule du 8 au 19 novembre dans l’agglomération rouennaise. Elle commence surtout avec l’ouverture du musée d’art singulier au cœur du centre hospitalier du Rouvray à Sotteville-lès-Rouen. Un lieu que les deux fondateurs du festival, Joël Delaunay et José Sagit, ont en tête depuis plusieurs années.

Art et Déchirure, c’est du théâtre et aussi des expositions. Durant ces différentes éditions, le festival a fait découvrir de nombreux plasticiens et conservé environ 300 œuvres. Il ne manquait plus qu’un endroit pour les présenter de manière permanente. Joël Delaunay et José Sagit, deux anciens infirmiers, s’étaient cependant toujours interdits de mettre en lumière cet art singulier dans le milieu hospitalier. « Aujourd’hui, nous n’avons plus besoin de prouver notre indépendance. Alors pourquoi un retour ? »

Un retour donc au centre hospitalier du Rouvray où ils ont travaillé et imaginé ce magnifique festival consacré aux formes d’expression artistique nées de blessures profondes. Le musée d’art singulier se trouve dans un long bâtiment en briques rouges, construit au XIXe siècle au milieu d’un écrin de verdure et désaffecté depuis trente ans. Difficile de parler de magie. Néanmoins, les murs de cette bâtisse, à la peinture écaillée, ont gardé en mémoire ces souffles de vie, ces tourments. Les quelques grandes pièces et le long couloir accueillent avec une étonnante évidence les œuvres d’artistes contemporains. Pas de thématique pour l’ouverture mais une diversité des genres et des formes pour révéler toute la richesse de l’art singulier. Joël Delaunay et José Sagit mettent un coup de projecteur sur les travaux de Francis Marshall et Marie-Rose Lortet. L’un représente un monde désenchanté alors que l’autre crée des personnages énigmatiques.

La douleur traverse également la programmation théâtrale du festival Art et Déchirure. Il y a celle des séniors dans Les Résidents d’Emmanuelle Hiron, celle d’une jeune femme victime des hommes dans Lulu de Wedekind, mis en scène par Paul Desveaux, celle aussi des personnes atteintes du syndrome d’Aspergher dans Tendres Fragments de Cornelia Sno de For Happy People & Co et dans Avec pas d’cœur de Maï(g)wenn et les orteils, Le mal-être se lit dans Abîmés par la compagnie Joe,Jack et John, dans Un Batman dans ta tête mis en scène par Hélène Soulié, dans 4.48 Psychose du Groupe Chiendent. Autre spectacle saisissant : Five Easy Pièces de Milo Rau sur la vie de Marc Dutroux raconte par des enfants.

  • Le musée d’art singulier, 4, rue Paul-Éluard à Sotteville-lès-Rouen, est ouvert du 8 au 19 novembre, tous les jours, de 11 heures à 19 heures, après le 20 novembre, tous les week-ends de 15 heures à 19 heures. Tarifs : 5 €, 3 €.
  • Le programme du festival sur www.artetdechirure.fr