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Concert au CDN : « Stabat Mater », un poème brûlant sur la souffrance

photo David Bobée

Avec ce Stabat Mater, l’actualité se lit dans l’œuvre sublime de Pergolese. Les deux metteurs en scène David Bobée et Caroline Mutel éclairent d’une lumière sensible cette partition interprétée par Les Nouveaux Caractères, le danseur Bobie Mfoumou et l’acrobate Salvo Capello. C’est vendredi 13 et samedi 14 avril au CDN de Normandie Rouen dans le cadre du festival Spring.

C’est une des plus belles œuvres musicales. Composé en 1736, le Stabat Mater de Pergolese (1710-1736) est une méditation, un poème profond et charnel sur la souffrance de la Vierge Marie devant le Christ sur la croix. Il « provoque une émotion immense, de la douleur et aussi de la joie. On peut traverser toute une palette de sentiments », confie Caroline Mutel. Quant à l’interprétation, « elle exige une certaine pureté ».

Cette fois, la chanteuse a travaillé la partition dans un contexte particulier. Ce qui l’a inciter l’aborder « de manière intime ». Interprété vendredi 13 et samedi 14 avril au CDN de Normandie Rouen par l’ensemble Les Nouveaux Caractères, dirigé par Sébastien d’Hérin, le Stabat Mater est en effet mis en scène par Caroline Mutel et David Bobée. « C’est un oratorio qui est en effet composé pour être écouté. A l’écoute, cela a été une évidence. Il y avait un sentiment d’incarnation par des corps ». Cette souffrance, c’est celle d’une humanité, souvent sacrifiée. Pour les deux artistes, l’actualité a fortement résonné dans cette partition. Aujourd’hui, c’est la douleur des réfugiés qui n’ont pas eu d’autre choix que de quitter leur pays, ont perdu la vie lors de leur périple.

Avec les réfugiés

Pendant les résidences, tous ont mené des actions en faveur de ces jeunes qui ont vécu de terribles cauchemars. « Leur rencontre a nourri notre travail. C’était bouleversant de les entendre. Tous m’ont confié leur histoire, un sens auquel je n’avais pas accès. Je me souviens encore de ce jeune homme qui m’a raconté avec beaucoup d’humour un moment très difficile pour lui. Quand je lui ai demandé de se remémorer un instant heureux. Il est revenu sur un homme qui l’avait aidé. Il a raconté ce moment en pleurant ».

Les mots de ces réfugiés se mêlent à la musique de Pergolese qui devient universelle. Et leur histoire est portée par le danseur Bobie Mfoumou et l’acrobate Salvo Capello. Le premier incarne autant la force et la fragilité de l’être. À la sangle, le second évoque avec une extrême sensibilité les âmes de tous les disparus. Caroline Mutel et Aurore Ugolin ont une présence angélique, presque fantasmatique dans ce rôle de mère qui ne peut qu’observer la souffrance de son fils.

  • Vendredi 13 avril à 20 heures, samedi 14 avril à 18 heures au théâtre de La Foudre à Petit-Quevilly. Tarifs : 18 €, 13 €. Pour les étudiants : carte Culture. Réservation au 02 35 70 22 82 ou sur www.cdn-normandierouen.fr
  • Rencontre avec l’équipe artistique à l’issue de la représentation du vendredi 13 avril