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Les Arts oseurs à Vivacité : déambulation dans l’histoire des femmes

photo Jean-Pierre Estournet

Les Arts oseurs se sont emparés d’un sujet tabou. Leur nouvelle création, en forme de déambulation, qu’ils jouent samedi 23 et dimanche 24 juin au festival Vivacité à Sotteville-lès-Rouen est consacrée aux femmes tondues.

photo Jean-Pierre Estournet

C’est l’histoire d’une quête à travers une ville. Une ville remplie de récits que personne ne veut raconter. On préfère toujours le silence quand les détails sont honteux et obscurs. Mais il reste des traces sur les murs, dans l’inconscient des habitants. Périne Faivre a voulu savoir. « Pour cette création, j’avais envie d’une nouvelle déambulation, de me confronter encore à cet exercice. Je me suis demandée qui avait bien pu se passer ces cent dernières années entre les murs des villes. Est arrivée cette histoire ». C’est celle des femmes tondues à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Elles ont été environ 20 000 à se retrouver le crâne rasé en pleine place publique devant les foules. Elles payaient ainsi leurs relations plus ou moins proches avec les Allemands. « On ne sait presque rien de ces moments. J’ai commencé à effectuer des recherches historiques, à lire tout ce qui avait pu être écrit, à collecter des témoignages. Je n’ai pas été dans une démarche volontariste. J’ai laissé venir à moi ces enfants et petits-enfants ».

Joué samedi 23 et dimanche 24 juin au festival Vivacité à Sotteville-lès-Rouen, Les Tondues n’est pas un documentaire théâtral. « J’ai souhaité inscrire le spectacle dans une histoire plus large sur les femmes. l’Histoire prend en effet rendez-vous régulièrement avec le corps des femmes. Cela résonne encore aujourd’hui. Où en est-on de nos libertés ? Quand le contexte s’effrite, le corps des femmes est une cible. Les différents événements nous rappellent cette question politique ».

Trois portraits

Avec Les Tondues de la compagnie Les Arts oseurs, les fantômes ressurgissent. Les silhouettes apparaissent sur les murs. Le spectacle commence avec trois portraits de femmes. En fonction de la couleur de la lettre qu’il aura reçue, le public découvrira une histoire. Celle de Mado, 89 ans, qui se souvient d’une de ses amies. Ou celle d’une jeune femme évoquant une grand-mère dont elle s’est occupée. Ou encore cette d’un homme de 30 ans revient dans la ville de son aïeule après avoir appris par son père qu’elle a été tondue. Tous se retrouvent plus loin sur un banc et s’interrogent… Il est question des femmes de toutes les générations, de leur combat. 

Une nouvelle fois, avec Les Arts oseurs, les langages du théâtre, de la musique et de la danse se confrontent pour aborder ce sujet brûlant. Comme les aime Périne Faivre qui témoigne du monde avec un regard acéré.

  • Samedi 23 à 17h30 et dimanche 24 juin à 14h15 : départ de la déambulation à la Maison pour tous, 2, rue Sergent Major Tiremberg à Sotteville-lès-Rouen. Spectacle gratuit.