Céline Milliat Baumgartner : « La société est injuste avec le corps des femmes qui vieillissent »

photo : Manuel Peskine

Céline Milliat Baumgartner aime partager des récits intimistes. Dans Les Bijoux de pacotille, l’autrice et comédienne évoquait l’absence après la disparition de ses parents dans un accident de voiture. Cette fois, elle met en miroir le destin de deux femmes de la même génération qui ne se sont jamais rencontrées. Elle choisit la forme d’un cabaret pour Marylin, ma grand-mère et moi, interprété avec le musicien Manuel Peskine mardi 1er juin à L’Éclat à Pont-Audemer. D’un côté, il y a une star américaine qu’admirait, très jeune, Céline Milliat Baumgartner, de l’autre, une femme aimante qui se sent délaissée et part de la maison pour goûter à la liberté. À travers ces deux personnalités, elle questionne la place des femmes dans la société. Entretien avec Céline Milliat Baumgartner,

Vous jouez aussi en ce moment D’Un Lit l’autre, une pièce sur la vie de Frida Kahlo. Vous évoquez dans ce texte Marylin Monroe. Est-ce que des personnalités féminines vous ont beaucoup influencée ?

Marylin Monroe a été un mythe de jeunesse. Gena Rowlands que j’ai découverte tard m’inspire en tant que comédienne. J’avais seulement survolé la vie de Frida Kahlo jusqu’au travail sur le spectacle. Maintenant, elle me fascine et je me suis plongée dans ses lettres.

Pourquoi Marylin Monroe vous séduit ?

J’étais fascinée quand j’étais petite. Je suis ensuite passée à autre chose. Pour moi, Marylin est une chose irréelle, une actrice rêvée, une grande séductrice. C’est la beauté. Quand j’ai commencé à travailler sur ce spectacle, je suis tombée sur un livre avec des lettres de Marylin. Je découvre alors une personne fragile qui n’était pas du tout sûre d’elle. Ce n’est plus le sex-symbol. Elle s’interroge sur la maternité, parle de sa solitude. Ces lettres m’ont vraiment touchée. En fait, cette solitude m’a rappelé celle de ma grand-mère. Je la ressens aussi. Cela fait écho au féminisme d’aujourd’hui, au diktat de la beauté, au fait d’être mère et de choisir de travailler. La société est injuste avec le corps des femmes qui vieillissent.

Avec ce spectacle, vous avez retrouvé ce travail d’écriture.

Lors de ce travail, je savais que je ne voulais pas être seule sur scène. Ce spectacle se présente comme un cabaret qui n’en est pas vraiment un. J’avais envie d’un travail d’écriture en lien avec le son, avec la musique. Ce sont des bribes de leur vie. Je me mets dans la peau de l’une et de l’autre. Je traverse des moments qui les lient. Comme la maternité. Tout cela fait partie d’un héritage qui nous fonde.

Comment Marylin Monroe et votre grand-mère vous inspirent dans votre vie ?

Elles m’inspirent tous les deux. L’une par son inaccessibilité, son glamour. Quant à ma grand-mère, je la voyais régulièrement. Elle vivait seule dans son petit appartement. Son choix de partir pour se retrouver m’interroge beaucoup. Cela m’a fait penser à Nancy Huston. Elle a raconté que sa mère les a abandonnés pour pouvoir vivre, s’épanouir. C’est un choix qu’elle trouve aujourd’hui admirable mais il y a encore au fond d’elle cette petite fille qui reste pleine de colère. Je suis entre ces deux femmes qui ont porté des marques sur moi. Ces questionnements des années 1950 sont toujours d’actualité.

Quel ton avez-vous donné au texte ?

Il est léger. On s’amuse. Manuel est un complice sur scène, un témoin pas du tout complaisant de ces interrogations. Nous sommes comme devant une armoire magique où nous allons chercher des déguisements pour créer des situations ou s’inventer des personnages. Nous jouons à faire des spectacles.

Infos pratiques

  • Mardi 1er juin à 19 heures à L’Éclat à Pont-Audemer.
  • Spectacle tout public à partir de 15 ans
  • Tarifs : 14 €, 10 €. Réservation au 02 32 41 81 31 et sur http://eclat.ville-pont-audemer.fr
  • photo : Manuel Peskine