Les photos de Marc-Antoine Garnier sèment le trouble

photo : DR

La photographie devient sculpture avec Marc-Antoine Garnier. L’artiste rouennais, diplômé de l’ESADHaR (école supérieur d’art et de design Le Havre-Rouen) qui expose jusqu’au 31 juillet à la Maison des Arts à Grand-Quevilly, trouble nos perceptions devant des Soleils couchants.

La photographie reste le médium avec lequel il se sent « le mieux ». L’image permet surtout à Marc-Antoine Garnier d’interroger le rapport au temps et au réel. Elle devient alors une matière, prête à être sculptée. Les œuvres de ce jeune artiste rouennais créent un véritable trouble et des effets de surprise. « Quand on rentre, j’aime bien le fait que le public ne puisse pas se dire qu’il a face à lui des photographies. Il doit entamer un dialogue avec les pièces exposées, bouger autour d’elles, avancer, reculer…. Les choses se dévoilent quand il déambule. Je veux l’induire en erreur, lui faire croire une chose afin qu’il s’interroge sur l’image, joue avec le vrai et le faux ». À chacune et chacun de recomposer son réel.

Dans ses photographies, semblables à des peintures, Marc-Antoine Garnier s’attache aux éléments et aux ciels. La Cime qui apparaît comme une paroi rocheuse de montagne recouverte de plaques de neige est en fait une image prise dans un gouffre. Marc-Antoine Garnier a inversé les noirs et les blancs avec les positifs et les négatifs. Le Crépuscule est un ensemble de 10 grands bâtons photographiques, présentés de manière verticale, telle une sculpture d’une forme simple et minimale. Cette suite d’images de la tombée de la nuit prises à 6 minutes d’intervalle, offre un dégradé de couleurs sur une ligne d’horizon imaginaire.

En 2 106 points

Tous les visiteurs se se feront surprendre face à La Sensibilité des pierres et de La Douceur de l’eau. Juste deux images en grand format, un jeu de pliage des impressions à des endroits très précis et la photographie devient sculpture. Elle demande un effort au visiteur afin qu’il puisse saisir toutes les subtilités du travail de Marc-Antoine Garnier.

Le confinement a donné du temps à l’artiste rouennais pour construire sept images, la plupart avec des motifs floraux avec 2 106 points. Dans cette nouvelle série, Le Détail, le photographe a découpé de la même manière chaque cliché avec une poinçonneuse avant de les reconstituer avec ces 2 106 mini confettis. Les photos que l’on découvre comme derrière de la dentelle vibrent selon le point de vue.

La Maison des Arts à Grand-Quevilly est un bel écrin pour les Colonnes et Le Bleu du ciel. Marc-Antoine Garnier a roulé des tirages photographiques pour leur donner une forme de colonnes de marbre, à la fois imposantes et fragiles. « Je voulais sortir mon travail du mur et le poser au sol ». Les ciels dégagés, voilés ou nuageux, bleus, ocres ou roses, troublent une nouvelle fois la perception. Ils sont devant une cimaise remplie d’images prises au moment de l’heure bleue. Marc-Antoine Garnier a capté des couleurs incroyables. Là encore, chaque photo peut être vue comme une toile abstraite. Comme L’Heure bleue où le photographe a disposé sur un fond blanc 40 images rondes de ciels, telles des touches de peinture.

Toutes ces œuvres viennent troubler et titiller avec bonheur le regard. Elles apportent une douce poésie, un apaisement et une mélancolie agréable.

Infos pratiques

  • Jusqu’au 31 juillet, tous les jours, du lundi au samedi de 14 heures à 18 heures, à la Maison des Arts à Grand-Quevilly.
  • Entrée libre et gratuite
  • Renseignements au 02 32 11 08 78 ou sur https://maisondesarts-gq.fr
  • photo : DR