Lulu van Trapp : « La scène, c’est notre terrain politique »

photo : Fiona Torre

Lulu van Trapp est un personnage débridé, libre, bercé par une multitude d’influences musicales et cinématographiques allant des années 1960 jusqu’à aujourd’hui. Elle aime les chansons d’amour sur des rythmes pop survitaminés et elle les interprète avec brin de désinvolture et de la tendresse. Lulu van Trapp est un groupe parisien avec des côtés kitsch, emmené par Rebecca Baby et Maxime Sam Rezài. Avec ces quatre-là, pas de concerts mais des bals. Ils seront vendredi 10 septembre au Rock in the barn, à la Maison Pacel à Pacy-sur-Eure. Entretien avec Rebecca Baby.

L’album, sorti en avril 2021, a pour titre, I’m not here to save the world (je ne suis pas là pour sauver le monde). Quel est ce monde ?

Ce titre est là pour faire office de libération. Il permet de nous libérer de ce poids qui pèse sur nos épaules. Quand on peut avouer ses faiblesses, c’est en effet une libération. Ce monde, ce n’est pas la planète mais cette société que l’on nous lègue et qui va peut-être s’auto-détruire.

Sur la pochette de l’album, il y a d’un côté, des bâtiments en ruine, et de l’autre, une nature qui semble apaisée. Au centre, il y a vous quatre, tels des super héros.

Héros n’est pas le bon mot. Nous sommes plus des anti-héros, voire des losers, que des héros. Nous n’avons pas cette force ou les solutions pour sauver ce monde, cette ville monstrueuse, en ruine. Nous tenons sur cette branche du monde d’avant, sans savoir ce que sera le monde d’après. Nous ne pouvons que parler de cet endroit. Nous, quatre paumés qui chantons des chansons d’amour.

Pourquoi vous définissez-vous comme des losers ?

Le terme de héros ne m’intéresse pas. Je dis cela par affection. Nous nous sommes toujours placés du côté des freaks. Nous étions un peu out quand nous étions plus jeunes. Faire de la musique nous a permis de nous réappropriai notre amour propre, une estime de soi. Cela a été une façon de se construire. 

Quelle place ont la science fiction et les comics dans vos influences ?

Nous en avons bouffé des comics américains, des ouvrages japonais, des Möbius… Tout cet univers visuel nous parle énormément. Matrix est le film pivot de notre génération. Il y a aussi Phlip K. Dick. La science fiction est un prisme intéressant pour décrypter le monde actuel. Comme les Fables de La Fontaine étaient une critique de la monarchie de l’époque.

Pourquoi les images sont importantes pour Lulu van Trapp ?

Elles sont super importantes. Cela va au-delà de la science fiction. C’est un exercice de style pour l’album après notre rencontre Appolo Thomas. Pour nous, l’univers visuel est primordial. Quand on compose, ce sont les images du clip qui viennent en premier. Les émotions, ce sont des images. Les textes, ce sont des images aussi. Nous avons un rapport cinématographique à ce que nous faisons sans avoir une grande culture cinématographique. Nous avons également un rapport à la performance, aux monstres qui est essentiel dans notre démarche artistique. Nous ne voulons pas que tout se résume à la musique.

Est-ce pour cette raison que vous portez des costumes sur scène ?

Oui, comme des personnages. C’est une phrase que j’aime dire : on s’habille pour faire un meilleur strip-tease. Nous aimons appeler nos concerts, des bals. Nous transformons les salles. Nous portons des costumes. Cela nous permet d’explorer 10 000 facettes de nos goûts. Nous sommes faits de multiples influences. Nous avons une personnalité un jour et une autre le lendemain. Nous allons jusqu’au bout de notre imaginaire. Nous créons des oasis où nous pouvons faire ce que l’on veut.

Aujourd’hui, cela devient difficile dans un monde de contraintes.

Cela devient un acte politique. Nous ne pouvons tellement plus faire ce que l’on veut. Il y a une part d’innocence qui est un peu perdue. Mais, le temps d’un concert, c’est libre. Il faut me montrer et le dire. La scène, c’est notre terrain politique.

Pourquoi alors écrivez-vous uniquement des chansons d’amour ?

Quand nous avons composé cet album, ces sujets nous préoccupaient moins. Nous étions dans des histoires d’amour déchirantes. Nous avons grandi à travers des ruptures. La musique est là pour nous guérir. Il était nécessaire de parler de toutes les facettes de l’amour, à la fois pesantes et légères. Et l’amour est un sujet universel et salvateur. Nous travaillons sur le deuxième album. Des choses différentes se dessinent.

Infos pratiques

  • Vendredi 10 septembre à 19h30 à la Maison Pacel à Pacy-sur-Eure
  • Tarif : 16,50 €
  • Réservation sur www.rockinthebarn.com
  • photo : Fiona Torre

Rock in the barn

  • Jeudi 9 septembre à 19 heures au théâtre Colombelle à Giverny : Meanings of Tales, Veik
  • Vendredi 10 septembre à 19h30 à la Maison Pacel à Pacy-sur-Eure : The Sheraf Brothers, Lulu van Trapp, Zaspero
  • Samedi 11 septembre à 19 heures à La Guinguette à Giverny : Richard Allen, Taxi Kebab, Nico Babar
  • Dimanche 12 septembre à 17 heures au Moulin de Fourges à Vexin-sur-Epte : Agathe, En Attendant Ana