L’orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie aux couleurs russes

photo : Gérard Collet

Ben Glassberg retrouve l’orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie pour une série de concerts au Théâtre des Arts, avec un détour au Tangram à Évreux. Ce sera une exploration de la musique russe avec des œuvres de Stravinsky, Petrouchka et L’Oiseau de feu, et de Prokofiev, le redoutable Concerto pour piano n°3 interprété par Benjamin Grosvenor. Le chef accueille également une autre soliste, Tai Murray, qui jouera le Concerto pour violon en majeur de Korngold. Entretien avec Ben Glassberg, directeur musical de l’Opéra de Rouen Normandie.

Vous n’aviez pas joué avec l’orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie depuis cet été. Dans quel état d’esprit avez-vous commencé ces répétitions ?

Notre dernière rencontre remonte au mois de juillet avec le concert consacré à Camille Saint-Saëns. Ce fut assez étrange d’attendre ces retrouvailles. L’orchestre, c’est comme les amis proches. On ne se voit pas pendant un bout de temps mais on a l’impression de s’être quittés la veille. Dès les premières répétitions, nous avons commencé à travailler ce programme qui est très difficile. J’aime le redire, cet orchestre aime travailler. Il y a de l’enthousiasme. Cela donne de l’élan.

Pourquoi avez-vous choisi ce répertoire de musique russe ?

Il y a eu pas mal de concerts symphoniques de musiques, soit classiques, soit romantiques, et très peu issues du répertoire du XXe siècle. Il est important de parcourir toutes les époques. La musique de Stravinsky est vraiment particulière rythmiquement.

C’est un compositeur que vous aimez particulièrement.

J’adore. Pendant toute sa carrière, il a développé différents styles. Au début, il était plus romantique avant de devenir plus moderne. Il finit en étant néo-classique. Moi qui suis percussionniste, je ne peux qu’aimer cette musique parce que Stravinsky joue avec les rythmes.

Lors du premier concert, vous faites entendre Petrouchka.

Quelle œuvre ! C’est la première fois que je la dirige. C’est un grand challenge, en raison de ce rythme qu’impose Stravinsky. Petrouchka est aussi une œuvre écrite pour un ballet. Sans les danseurs, il va falloir faire ressentir tout le drame.

Comment avez-vous appréhendé cette œuvre ?

J’ai passé des heures face à la partition pour bien intégrer tous les instruments, les rythmes et les couleurs. Il faut que tout cela soit dans le corps.

Pour la première série de concerts, vous ajoutez à Petrouchka, le Concerto pour violon de Korngold, joué avec Tai Murray.

C’est un véritable chef-d’œuvre, proche de la musique de films. Korngold a passé de nombreuses années aux États-Unis qui l’ont beaucoup influencé. Tai Murray est une grande violoniste. Elle a un son souple, rond, très chaleureux. C’est la première fois qu’elle vient ici. Elle joue beaucoup aux États-Unis et en Angleterre mais très peu en Europe. Les Rouennais ont de la chance

Vous proposez un autre concerto avec L’Oiseau de feu de Stravinsky. Le pianiste Benjamin Grosvenor interprète le Concerto n°3 de Prokofiev.

C’est un des concertos les plus difficiles à jouer. Il est même presque impossible à jouer parce qu’il a beaucoup de gammes. C’est la première fois que Benjamin l’interprétera. J’aime sa façon de jouer. Il sait poser chaque structure, chaque harmonie. Tout est très intellectualisé et très flexible. Chez lui, il y a quelque chose du génie.

Il y a beaucoup de premières fois lors de ces concerts.

J’aime les challenges. Je sais que l’on ne peut pas les mener avec toutes les formations. Avec l’orchestre de l’Opéra, c’est possible. Il s’investit pleinement et ne redoute pas la difficulté. Là, j’ai toute latitude. J’ai assisté à la dernière représentation de La Vie parisienne. J’ai trouvé qu’il y avait beaucoup d’intensité. C’était impressionnant.

Infos pratiques

Stravinsky et Korngold

  • Durée : 1h30
  • Vendredi 19 novembre à 20 heures, samedi 20 novembre à 18 heures au Théâtre des Arts à Rouen. Tarifs : de 32 à 10 €. Pour les étudiants : carte Culture. Réservation au 02 35 98 74 78 ou sur www.operaderouen.fr
  • Dimanche 21 novembre à 16 heures au Cadran à Evreux. Tarifs : de 25 à 10 €. Pour les étudiants :  carte Culture. Réservation au 02 32 29 63 32 ou sur www.letangram.com

Stravinsky et Prokofiev

  • Durée : 1h30
  • Vendredi 26 novembre à 20 heures et samedi 27 novembre à 18 heures au Théâtre des Arts à Rouen. Tarifs : de 32 à 10 €. Pour les étudiants : carte Culture. Réservation au 02 35 98 74 78 ou sur www.operaderouen.fr

photo : Gérard Collet