Une histoire passionnée du festival de Cannes

photo : Joran Juvin

La Compagnie Y parcourt cinq décennies d’un événement cinématographique international avec ses paillettes et ses scandales dans Cannes 39/90, une histoire de festival, un spectacle, écrit et mis en scène par Étienne Gaudillère jeudi 25 novembre au Rive Gauche à Saint-Étienne-du-Rouvray et samedi 27 novembre à la Scène 5 à Louviers avec Le Tangram.

« C’est un univers fascinant ». Étienne Gaudillère est allé la première fois au festival de Cannes en 2010. Habillé d’un smoking, il a aussi monté les marches. Il y est revenu six ans plus tard. Même scénario : la montée de ces célèbres marches dans un nouveau smoking. Là-bas, il n’y a pas vu uniquement que les paillettes, surtout les films, les différentes sélections, les coulisses… avant de se pencher sur l’histoire du festival. « Il y a un paradoxe. Tout le monde prétend connaître Cannes que l’on suit à travers les photos, les anecdotes, les polémiques. Or l’événement a été très peu étudié. Pourtant, c’est une passionnante histoire du monde ».

Étienne Gaudillère a mené de multiples recherches, recueilli des témoignages pour écrire Cannes 39/90, une histoire du festival que la compagnie Y joue jeudi 25 novembre au Rive Gauche à Saint-Étienne-du-Rouvray et samedi 27 novembre à la Scène 5 à Louviers avec Le Tangram. En cinq tableaux qui correspondent à des moments de crise, le comédien, auteur et metteur en scène, retrace avec une troupe de neuf interprètes cinq décennies du festival de Cannes. « L’écriture a été très longue, très dure. Ce fut un travail solitaire pendant longtemps. Il m’importait de montrer toute l’importance du festival. C’est une utopie à la base et encore aujourd’hui. Un jury composé de personnes de différentes nationalités regardent des films et distribuent des prix. Il y a quelque chose de très universaliste ».

Des enjeux politiques

Dans Cannes 39/90, une histoire de festival, « les situations sont imaginées mais les faits sont vrais ».  Etienne Gaudillère démontre un lien étroit entre l’histoire du festival, la politique et la géopolitique. À commencer par les ambitions de sa création. « Le festival est né en réaction à l’attribution du prix délivré au film allemand Les Dieux du stade, considéré comme une propagande, à la Mostra de Venise en 1938. C’était par opposition au fascisme en Italie. Jean Zay voulait un festival des nations libres. La Seconde Guerre mondiale a éclaté le premier jour du festival. L’édition de 1946 est engluée dans des problèmes diplomatiques ».

L’événement cinématographique sera marqué ensuite par la Guerre froide, mai 1968, les années 1970, « très politique » et la décennie 1980 avec « l’arrivée des partenaires privés. Au fil des années, le festival, né d’une volonté politique, va réussir à se détacher des injonctions politiques pour remettre aujourd’hui un prix à un artiste censuré et emprisonné dans son pays (Kirill Serebrennikov, ndlr) ».

Sur scène, se croisent de nombreux personnages, artistes, public, producteurs, curieux… lors de ces épisodes agités. Un seul traverse toutes les époques. C’est Philippe Erlanger, directeur de l’association française d’action artistique. « C’est lui qui a eu l’idée du festival. Cet homme, très cinéphile, homo, n’est pas du tout connu. Il détestait les mondanités. Il s’est caché pendant toute la Seconde Guerre mondiale à l’hôtel Carlton. Il a écrit quelques biographies ».

Étienne Gaudillère réfléchit quant à la suite à donner à ce Cannes 39/90, une histoire de festival. « Il y a encore quelque chose à défendre en raison de ce grand décalage entre ce qu’il est et l’image qu’il renvoie ».

Infos pratiques

  • Jeudi 25 novembre à 20h30 au Rive Gauche à Saint-Étienne-du-Rouvray. Tarifs : de 26 à 8 €. Pour les étudiants : carte Culture. Réservation au 02 32 91 94 94 ou sur www.lerivegauche76.fr
  • Samedi 27 novembre à 17 heures à la Scène 5 à Louviers. Tarifs : de 25 à 10 €. Pour les étudiants :  carte Culture. Réservation au 02 32 29 63 32 ou sur www.letangram.com
  • Durée : 2 heures
  • photo : Joran Juvin