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Le journal intime de Jeanne Dark

photo : Matthieu Bareyre

Il y a deux possibilités de voir _Jeanne_dark_ : une première au théâtre et une seconde, sur Instagram. C’est l’histoire d’une adolescente qui a décidé de prendre la parole. Ce spectacle de Marion Siefert est à l’affiche du CDN de Normandie-Rouen du 8 au 10 décembre à l’espace Marc-Sangnier à Mont-Saint-Aignan.

Devant l’écran de son smartphone, Jeanne devient _Jeanne_dark_. Elle a 16 ans, appartient à une famille catholique et vit dans la banlieue d’Orléans. Depuis quelque temps, elle doit faire face à des moqueries venant de la part de filles et garçons de son lycée. Elle profite de l’absence de ses parents, ses frères et sœurs pour parler. Elle prend son smartphone, ouvre son compte Instagram et entame un récit tout en opérant une véritable métamorphose. Elle fait voler en éclats toutes les barrières imposées par son éducation.

Avec cette pièce, Marion Siefert revient sur un moment de sa vie pendant lequel elle éprouvait de « la honte », sur son adolescence, « l’âge où il y a de nombreux conflits. Je me sentais dans une impasse. J’avais une grande peur, une difficulté à envisager ma sexualité ». Dans ce travail, une figure s’est imposée. Celle de Jeanne d’Arc. Pour l’autrice et metteuse en scène, il n’était pas question de revenir sur le récit historique. La figure est apparue comme un écho, le révélateur de plusieurs questionnements. « Je me suis vite aperçue qu’il y avait un rapport avec la religion catholique que je connais puisqu’elle a fait partie de mon intimité ».

Sur les écrans

Pour écrire _Jeanne_dark_, joué du 8 au 10 décembre à l’espace Marc-Sangnier à Mont-Saint-Aignan, Marion Siefert ne s’est pas contentée de replonger dans son passé. Elle s’est aussi documentée sur la pratique des réseaux sociaux et sur le harcèlement, a rencontré plusieurs adolescentes. Une nécessité pour imaginer un personnage et construire un récit d’une fille qui se confie mais ne se venge pas.

_Jeanne_dark_ est à voir au théâtre et sur Instagram où il peut y avoir une interaction avec le public. « Ce sont deux espaces qui se confrontent, se regardent en miroir. Je voulais que cette adolescente ait un espace. Là, elle n’est plus la même. Elle est là telle qu’elle est dans toute sa multiplicité et ses contradictions. C’est un lieu de révélation et va prendre une forme de journal intime ».

Cette pièce qui se déroule dans un grand cube de papier blanc devient une réelle performance portée par Helena de Laurens. « Son corps est très exposé, très engagé. Cela va avec le jeu. Tout doit être d’une grande précision dans les gestes. D’autant qu’elle danse, elle rampe ». Elle doit aussi répondre aux personnes connectées.

Infos pratiques

  • Mercredi 8, jeudi 9 et vendredi 10 décembre à 20 heures à l’espace Marc-Sangnier à Mont-Saint-Aignan
  • Durée : 1h45
  • Spectacle à partir de 14 ans
  • Rencontre avec l’équipe artistique à l’issue de la représentation du 9 décembre
  • Tarifs : 15 €, 10 €. Pour les étudiants : carte Culture
  • Réservation au 02 35 70 22 82 ou sur www.cdn-normandierouen.fr
  • photo : Matthieu Bareyre