Les Anges au plafond, au bal, en déséquilibre, au balcon…

photo : Vincent Muteau

Quatre mois après leur arrivée à la direction du CDN de Normandie-Rouen, Camille Trouvé et Brice Berthoud proposent plusieurs spectacles de leur compagnie, Les Anges au plafond, et réservent quelques surprises à partir du vendredi 25 février.

Les Anges sont désormais installés en Normandie. Et ils sont deux. Camille Trouvé et Brice Berthoud dirigent depuis octobre 2021 le centre dramatique national de Normandie-Rouen. Fondateurs des Anges au plafond en 1999, ces artistes, marionnettistes, comédienne et comédien, metteuse et metteur en scène, sont remarqués pour leur inventivité, leur esthétique soignée, leur approche multiple de la marionnette avec un travail singulier sur le papier.  Les récits de la compagnie emmènent autant dans de grandes fresques épiques à travers les mythes que dans des espaces intimes.

Avant de décliner leur projet, Vivant !, à partir de la saison prochaine, Camille Trouvé et Brice Berthoud qui affichent une belle complicité font un tour de la Normandie pour « faire connaissance ». Cette tournée qui s’étale sur un mois ressemble à « un grand flashback ». Ils ont pioché dans leur répertoire et choisi des spectacles emblématiques de leur compagnie.

Un bal participatif

Tout commence par Le Bal marionnettique, « un spectacle qui nous tient à cœur », confie Camille Trouvé. Sur la piste, il y a les musiciens de l’ensemble 2e2m de Fernando Fiszbein, des artistes, 120 marionnettes et le public. C’est un bal participatif ! Ce soir-là, il faut « danser pour éloigner la mort », rappelle Brice Berthoud, oublier les tourments et tout questionnement. Juste « créer de la beauté ». Celles et ceux qui souhaitent faire leurs premiers pas avec une marionnette sont conviés quelques minutes avant au Bal des Timides pour un échauffement et un apprentissage de la manipulation.

Avec Le Nécessaire Déséquilibre des choses, Les Anges au plafond ont effectué « un pas de côté. C’est une des créations les plus singulières ». Ils abordent la question du désir amoureux. Celui qui surgit, crée le manque, les doutes et des déséquilibres profonds. Pour l’aborder, ils s’emparent des Fragments d’un discours amoureux de Roland Barthes. « Dans cette narration séquencée au pouvoir métaphorique, il propose une sortie de crise. Pour lui, il ne faut pas s’attacher et ne pas attacher l’autre. Comme la marionnette ». Ce spectacle, qui a demandé trois ans de recherche, est à voir comme « un poème visuel » dans une scénographie évolutive de lumières où jouent deux marionnettistes et un quatuor à cordes.

Deux mythes

Autres rendez-vous : deux spectacles sur les mythes fondateurs. « Qu’est-ce que leurs personnages ont encore à nous dire ? Aujourd’hui, ils ont conservé une part de mystère. Ce qui révèle chez eux une forme d’humanité. La révolte d’Antigone et les interrogations d’Œdipe sont toujours d’actualité ». Camille Trouvé et Brice Berthoud ont imaginé « comme un diptyque » Une Antigone de papier (2007) et Au Fil d’Œdipe (2009). Dans la première création, elle joue et il met en scène. Dans le second, c’est l’inverse. Les dispositifs scéniques sont, pour l’une, bifrontal et, pour l’autre, circulaire avec 4 km de fil.

Dans Une Antigone de papier, la jeune femme est en colère contre un nouvel ordre et n’hésite pas à le montrer. Même s’il faut s’opposer à Créon, son oncle et le nouveau roi de Thèbes. « Si elle était là, elle serait à l’endroit d’une frontière, de la construction d’un mur. Elle refuse ce mur, cette ville séparée et va y faire des brèches ». Le public va se retrouver lui aussi de part et d’autre d’un mur. Quant à Œdipe, il est « à la recherche de son identité. C’est le plus malheureux des hommes, un survivant quand il arrive à Corinthe ».

Les Anges en Normandie, c’est un programme et aussi plusieurs surprises avec des concerts et des apparitions aux fenêtres et balcons d’immeubles de la ville de Rouen. Camille Trouvé et Brice Berthoud, pas du tout résolus à se taire pendant les confinements, ont expérimenté ses impromptus artistiques. Les Anges seront aussi au balcon.

Infos pratiques

Le Bal marionnettique

  • Vendredi 25 février à 20 heures au centre culturel Marx-Dormoy à Grand-Quevilly. Durée : 2 heures (+ un échauffement à 19 heures) Tarifs : de 17 à 8 €. Pour les étudiants : carte Culture. Réservation au 02 35 68 48 91 ou sur www.dullin-voltaire.com
  • Jeudi 2 et vendredi 3 juin à 20h30 à L’Autre Lieu, espace René-Le-Bas à Cherbourg. Tarifs : de 22 à 10 €. Réservation au 02 33 88 55 55 ou sur www.trident-scenenationale.com
  • Mercredi 13 juillet pendant le festival RéciDives à Dives-sur-Mer

Les Anges au balcon

  • Samedi 26 février vers 17 heures dans le centre-ville de Rouen : apparition surprise de plusieurs marionnettes au balcon d’immeubles

Le Nécessaire Déséquilibre des choses

  • Mardi 1er et mercredi 2 mars à 19h30 au Sablier à If. Durée : 1h45. Tarifs : de 15 à 5 €. Réservation au 02 31 82 72 72 ou sur www.le-sablier.org (Navette au départ de Petit-Quevilly le 2 mars)

Une Antigone de papier

  • Mardi 8, mercredi 9 et jeudi 10 mars à 20 heures au théâtre de La Foudre à Petit-Quevilly. Durée : 1h20. Tarifs : 15 €, 10 €. Pour les étudiants : carte Culture.  Réservation au 02 35 70 22 82 ou sur www.cdn-normandierouen.fr

Au Fil d’Œdipe

  • Mardi 22, mercredi 23 et jeudi 24 mars à 20 heures au théâtre de La Foudre à Petit-Quevilly. Durée : 1h20. Tarifs : 15 €, 10 €. Pour les étudiants : carte Culture.  Réservation au 02 35 70 22 82 ou sur www.cdn-normandierouen.fr

photo : Vincent Muteau