La compagnie Nova traverse les mémoires

photo : Loïc Nys

La compagnie Nova a entamé une série de créations sur une thématique : « écrire en pays dominé ». Le premier volet, Nous sommes de ceux qui disent non à l’ombre, est consacré à la cryolite. Le suivant, Et Le Cœur fume encore, s’intéresse à la résistance algérienne. Le Tangram à Évreux programme la seconde pièce les 1er et 2 mars. L’Éclat à Pont-Audemer propose les deux spectacles les 18 et 19 mars.

Il y a tout d’abord eu un coup de foudre pour l’écriture d’Aimé Césaire. « Ce fut un choc, une rencontre littéraire et poétique. La poésie est intéressante pour ce qu’elle dit et comment elle le dit. Avec les écrits de Césaire, j’avais l’impression de lire une parole que je n’avais encore jamais entendue. C’était neuf, pour moi. Et cette parole est toujours aussi importante dans cette actualité féroce ». Margaux Eskenazi a également eu la volonté de faire un pas à côté des textes classiques. Son objectif : s’accaparer une pensée et des témoignages pour « créer de nouveaux récits, d’autres imaginaires et trouver le théâtre où il n’y en a pas. Ce fut un saut dans le vide d’écrire à partir d’une dramaturgie qui n’existe pas ».

L’autrice et metteuse en scène de la compagnie Nova s’est lancée dans une série de créations sur le thème, écrire en pays dominé, et s’empare de langues pour « faire acte de résistance contre une pensée unique. Elles sont complexes, multiples, voire contradictoires mais ce sont des endroits de combat. L’interrogation porte sur ce que l’on fait de ces récits. Il n’y a rien d’historicisant. Au contraire, nous interrogeons le présent pour comprendre ces mémoires et les jouer ».

Et un troisième volet

La première pièce de théâtre, Nous sommes de ceux qui disent non à l’ombre, porte sur la négritude, la créolité. Elle est le fruit d’un montage de textes, de poèmes et d’interviews de Césaire, Damas, Senghor, Glissant… Sur scène, les cinq comédiennes et comédiens racontent des parcours et des engagements, partagent des pensées, évoquent la domination de la violence. Le tout entrecoupé de poésie et de musique.

Dans Et Le Cœur fume encore, Margaux Eskenazi aborde la domination coloniale. Elle puise dans les écrits du romancier et poète, Kateb Yacine, dans les archives. « Nous sommes allés recueillir des témoignages. Les différents entretiens ont été la matière première de ce spectacle parce qu’ils portent l’universel ». Elle a ensuite imaginé sept personnages qui racontent leur vision de la guerre, comme un travailleur algérien immigré, un harki, le petit-fils d’une femme pied-noir, un membre du FLN, un officier de l’armée française, un appelé et une militante française anticolonialiste. La parole politique se confronte à la poésie et tisse un lien avec le présent.

Un troisième volet est en cours d’écriture. Avec la compagnie Nova, Margaux Eskenazi s’intéresse cette fois aux années 1980 et notamment à la marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983.

Infos pratiques

Et Le Cœur fume encore

  • Mardi 1er et mercredi 2 mars à 20 heures au théâtre Legendre à Évreux. Tarifs : de 20 à 10 €. Pour les étudiants :  carte Culture.  Réservation au 02 32 29 63 32 ou sur www.letangram.com
  • Vendredi 18 mars à 20h30 à L’Éclat à Pont-Audemer. Tarifs : 14 €, 10 €. Réservation au 02 32 41 81 31 et sur http://eclat.ville-pont-audemer.fr
  • Durée : 2 heures

Nous sommes de ceux qui disent non à l’ombre

  • Samedi 19 mars à 20h30 à L’Éclat à Pont-Audemer. Tarifs : 14 €, 10 €. Réservation au 02 32 41 81 31 et sur http://eclat.ville-pont-audemer.fr
  • Durée : 1h30
  • photo : Loïc Nys