Jenůfa est une œuvre dramatique de Leoš Janáček. Avec cette production lyrique mise en scène par Calixto Bieito, Antony Hermus retrouve du 26 au 30 avril l’orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie.
Jenůfa est éprise de Števa. L’homme, grand séducteur et inconstant, va la rejeter alors qu’elle se retrouve défigurée par Laca, amoureux éconduit. Or, la jeune femme est enceinte de Števa. Dans ce village où les pressions sociales sont fortes, la mère adoptive de Jenůfa n’hésitera pas à commettre un infanticide pour sauver l’honneur de la famille. Jenůfa est aussi le titre d’un des opéras de Leoš Janáček (1854-1928), créé au théâtre national de Brno en 1904. Pour Antony Hermus, chef d’orchestre, il est « à la fois un drame familial — les Buryja forment une famille très compliquée —, une histoire de femmes qui lie Jenůfa et Kostelnicka et aussi une histoire de pardon ». À la fin de la pièce, il faudra bien en effet pardonner pour continuer à vivre.
Avec cette production lyrique, présentée du 26 au 30 avril au Théâtre des Arts, le maestro retrouve l’orchestre de l’Opéra de Rouen. « C’est toujours un immense plaisir de revenir diriger ce merveilleux orchestre. Les musiciennes et musiciens ont une âme et une attitude incroyable envers la musique. Ils travaillent dur, savent profiter de cette belle musique et veulent la partager avec le public. À chaque fois, je suis submergé par leur passion et leur amour de la musique. Rouen doit se sentir chanceux d’avoir ce beau trésor dans sa ville ! »
Des couleurs sombres
Dans sa mise en scène, Calixto Bieito transpose l’histoire dans une fabrique de textile où le poids du quotidien, des traductions et des conventions pèse lourdement. Janáček transcrit toute la tragédie de la famille dans sa composition. « Jenůfa est une pièce avec une longue séquence faite d’actions dramatiques qui emporte le public. Et ce, jusqu’à son apogée. La tragédie est soutenue à chaque instant par une musique puissante. L’une et l’autre sont vraiment imbriquées », indique Antony Hermus. Même si « le langage musical de Janáček est laconique, rythmé avec une orchestration colorée — il multiplie les ambiances — ce sont surtout les couleurs sombres qui dominent ».
Avec cette œuvre, le compositeur tchèque a créé une nouvelle fois « un style d’opéra unique. Il a mélangé sa langue maternelle, le tchèque, avec la musique folklorique de son pays et son propre génie dans le travail de composition. Autre particularité : l’accent est surtout mis sur les modèles de discours. Il y a en effet de nombreux récitatifs sur la musique orchestrale. Cela conduit à l’utilisation de la prose, plutôt que la poésie, dans le livret ».
Ce qui n’est pas simple pour tous les interprètes. Jenůfa est, selon le maestro, « un opéra très difficile à jouer et à chanter. Janáček écrit des partitions qui sont difficiles à lire pour l’orchestre. Il a choisi aussi des rythmes et des tonalités délicats et surtout inhabituels. Et chanter en tchèque est un immense challenge pour les chanteurs ».
Infos pratiques
- Mardi 26 et jeudi 28 avril à 20 heures, samedi 30 avril à 18 heures au Théâtre des Arts à Rouen
- Durée : 3h15
- Introduction à l’œuvre une heure avant la représentation
- Tarifs : de 68 à 10 €. Pour les étudiants : carte Culture.
- Réservation au 02 35 98 74 78 ou sur www.operaderouen.fr
- Pour tenter de gagner des places, écrivez à muriel.relikto@gmail.com
