Un « Métallo » au milieu des ruines de son passé

visuel : Calvin Antoine Blandin

C’est l’Acte 2 du Courtivore. Le festival propose vendredi 13 mai à l’Ariel à Mont-Saint-Aignan une nouvelle sélection de sept courts métrages dont Métallo de Calvin Antoine Blandin, un artiste de Caen.

Calvin Antoine Blandin a clos sa trilogie sur la famille avec La Chair de ma chère mais n’a pas terminé sa réflexion sur les perceptions de la réalité. « Je me rends compte à quel point la réalité est quelque chose de subjectif et de malléable. L’humain peut la transformer surtout dans le cadre d’un traumatisme. C’est un sujet qui me colle » et qui transparaît encore dans ce nouveau court métrage, Métallo, présenté lors de l’Acte 2 du festival Courtivore vendredi 13 mai à l’Ariel à Mont-Saint-Aignan.

Ce film d’animation de 13 minutes évoque la mémoire ouvrière. Il relate le parcours d’un homme qui ne peut admettre la fermeture de son usine. Il va alors vouloir entrer dans ce bâtiment abandonné pour retrouver une vérité. Dans ce travail, « l’histoire de la Société métallurgique de Normandie est venue à mon film. La SMN fait partie de l’endroit où j’ai grandi. Son histoire, basée sur un contexte social, collait parfaitement au scénario que j’avais en tête ». 

Un voyage intérieur

Calvin Antoine Blandin recueille des témoignages d’anciens employés de l’entreprise, consulte les archives et construit Métallo. Il emmène dans ce paysage industriel désert depuis bien longtemps. Il n’y a plus de vie, dans les bars, dans les maisons, autour des fourneaux… Pourtant, « C’était un mini-état, un écosystème qui fonctionnait dans un univers clos. La SMN avait son propre stade et ses compétitions sportives. C’était très paternaliste. La fermeture a été un réel traumatisme. Il y a eu des suicides. Toutes ces personnes ont perdu leurs racines et ne trouvaient pas d’autres places dans la société ». Métallo devient ainsi un voyage intérieur de cet ancien ouvrier marqué par les années, la dureté du travail et  la perte de ses repères.

Pour ce court métrage, l’artiste caennais a changé de technique et opté pour la gravure numérique. Tel un mineur, il a « gratté » des images noires pour faire apparaître la lumière. Le dessin de Métallo est empreint de réalisme et d’une poésie intense. Calvin Antoine Blandin réussit à imposer un univers puissant et contrasté où le charbon a laissé de multiples traces.

La programmation

  • Partir Un Jour d’Amélie Bonnin, Les Rives du Styx de Jules Carrin, Votamos de Santiago Requejo Lopez-Mateos, Métallo de Calvin Antoine Blandin, Shark de Nash Edgerton, Maalbeek d’Ismaël Joffroy Chandoutis et Loop de Pablo Polledri

Infos pratiques

  • vendredi 13 mai à 20 heures à l’Ariel à Mont-Saint-Aignan
  • Tarif : 5 €
  • Réservation sur www.courtivore.com