Dans le déni d’une catastrophe

photo : Davood Maeilli

Quatre jeunes femmes et hommes accompagnent leur ami en fin de vie. C’est l’histoire de Je voudrais crever, un texte de Marc-Antoine Cyr joué par la toute jeune compagnie Carré 128 jeudi 9 juin lors du festival Sages comme des sauvages du CDN de Normandie-Rouen.

C’est inévitable. Il y aura une catastrophe. Pourtant, des amies et amis, tous la trentaine, ne cessent de regarder ailleurs. Solange pense à sa thèse sur la disparition de Pompéi. Luce, elle, reste davantage préoccupée par l’achat d’une maison avec son compagnon, Sylvain. Enfin, Paul peine à se remettre d’une nouvelle rupture amoureuse. Face à ces quatre-là se trouve Mateo, cloué dans un lit d’hôpital avec une maladie dont il ne pourra guérir. C’est l’histoire de Je vais crever de Marc-Antoine Cyr.

« La perte d’un être proche représente un des cauchemars. Les quatre personnages vont devoir gérer ce qui va arriver. Là, ils sont dans le déni face à la mort de Mateo parce qu’ils ne savent pas par quels bouts prendre cette catastrophe. Or le déni n’apporte rien de bon pour soi et pour les autres. Nous pouvons être tous ces personnages. Mes amis et moi, nous nous sommes reconnus. Quand c’est trop gros, nous parlons d’autres choses pour éviter d’avoir peur ».

Parler et penser

Ambre Dubrulle évoque ainsi le drame intime tout en effectuant un parallèle avec une autre catastrophe, conséquence du réchauffement climatique. Avec Je voudrais crever, joué jeudi 9 juin au CDN de Normandie-Rouen, elle monte sa première pièce et met en scène les comédiennes et comédiens de sa compagnie, Carré 128, issus du Studio d’Asnières. Elle a voulu une langue singulière, celle de l’auteur québécois, Marc-Antoine Cyr. « Les textes de théâtre sont très philosophiques, très intello. Il faut penser avant de parler. Dans les écrits nord-américains, l’énergie est différente. Il faut parler pour penser. Il faut dire le texte et se permettre de se laisser embarquer par l’émotion ».

Pour Je voudrais crever, Ambre Dubrulle a imaginé un huis clos, une chambre d’hôpital. « On fait avancer le texte parce que la vie continue malgré nous. C’est un réflexe humain. Comme le déni ».   Les mots des unes et des autres s’enchainent, se superposent, se croisent pour ne pas perdre le fil de la vie.

Infos pratiques

  • Jeudi 9 juin à 20 heures au théâtre des Deux-Rives à Rouen
  • Durée : 1h20
  • Spectacle gratuit
  • Réservation au 02 35 70 22 82 ou sur www.cdn-normandierouen.fr